Un spectacle inédit de slam, poésie et chant a rassemblé le 16 août dernier à l’Alliance française de Moroni, de nombreux passionnés de culture. Porté par l’auteur Mahamoud Bachirou et les jeunes des clubs de lecture de Singani et de Tsinimoichongo, Djendo na Mashairi littéralement “voyage poétique” a offert une scène vibrante où la jeunesse a pris la parole avec émotion.
À l’origine de cette aventure, l’écrivain Mahamoud Bachirou, qui a conçu ce projet à la suite de sa tournée Amane Trip dans les lycées publics et Alliances françaises de l’archipel en 2024. « J’ai réalisé à quel point les jeunes avaient besoin de s’exprimer, de rencontrer des écrivains et de découvrir différentes manières de dire les choses, notamment à travers l’écriture », confie-t-il. De ce constat est né Djendo na Mashairi, soutenu en mai dernier par une subvention du SCAC, qui a permis d’organiser des ateliers d’écriture et des restitutions à Ndzuani. À Moroni, ce voyage poétique a pris une nouvelle dimension avec la mise en scène d’un spectacle mêlant poésie, slam et chant, porté par des adolescents et jeunes adultes passionnés. Pour Chaïnour Mohamed Mikidad, membre du club de lecture de Tsinimoichongo, l’expérience a été marquante.
« J’ai été impressionné par la solidarité entre nous. On a appris à oser, à se laisser aller. En interprétant mon texte, je me suis senti moi-même et j’ai compris que la parole a un immense pouvoir que beaucoup ignorent. La poésie peut être un refuge mais aussi une arme douce pour éveiller les consciences. » Même enthousiasme du côté de Ben Houwayad Ibrahim, du club de lecture de Singani, pour qui ce fut une première en slam : « Avant, je ne lisais pas. Grâce à Mahdawi et Bachirou, j’ai découvert ce monde. Cette prestation m’a donné envie de continuer et de m’améliorer. » Le public, composé d’écrivains, d’enseignants, de passionnés de culture et de familles, a salué la qualité et l’engagement du spectacle. L’écrivain Oubeidillah Maeva Dhoimir a exprimé son émotion : « C’était très émouvant, un vrai spectacle. Les jeunes se sont investis et nous ont impressionnés. Il y avait du slam et du chant en shikomori, ce qui valorise la culture comorienne. On sent qu’il y a du talent, du diamant brut. Cela m’a donné envie de retourner à Mkazi pour animer des ateliers d’écriture et de contes. »
Pour Mahamoud Bachirou, cette initiative dépasse l’événement artistique :« La lecture et l’écriture sont essentielles pour réussir un parcours scolaire et universitaire. Le salut de notre système éducatif pourrait résider dans la création de clubs de lecture et d’écriture dans nos écoles. Ils instruisent, mais surtout ils responsabilisent. » Convaincu que Djendo na Mashairi est une mission de longue haleine, il affirme vouloir poursuivre ce combat : « Tant que je serai en vie, ce voyage poétique continuera, Insha Allah. » En donnant la parole aux jeunes, ce spectacle a prouvé que la littérature, le slam et la poésie peuvent devenir des leviers d’émancipation et de créativité. À travers Djendo na Mashairi, une génération s’affirme, redonne sens à la lecture et contribue à valoriser la culture comorienne, entre langue française et shikomori.
Mohamed Ali Nasra
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