Tiraillé entre l'amour, la famille, les études, sa carrière, Mwandza, comme tous les jeunes de son âge, aspire à une vie meilleure. Peut-être même plus que les autres, lui qui vient de "Maroucreve", là où l'espoir et les opportunités se font rares. Pour son premier roman, Mounawar Ibrahim a choisi de nous relater l'histoire de Mwandza. Ce jeune homme brillant dont le destin est celui de milliers de jeunes du tiers-monde, tiraillés entre rester au pays ou partir loin, à la recherche de meilleurs lendemains.
Après avoir réussi sa scolarité, malgré les difficultés de son pays, Mwandza, jeune maroucrevois, se rend à Liberta, le pays du bonheur pour la suite de son cursus. Là-bas, tous les rêves sont permis. Et il y a surtout la belle Miliza, celle qui fait chavirer son coeur. Ici, le héros de l’œuvre de Mounawar Ibrahim ne ménage aucun effort pour sa réussite. Son objectif: réussir à tout prix pour espérer obtenir une "place au soleil", soit un avenir meilleur à Maroucreve, le pays des misères et des maux en tous genres. Dans son œuvre, l’auteur aborde les problématiques quotidiennes rencontrées dans le tiers-monde telles que la lutte contre la pauvreté, le poids de la tradition, les dérives politiciennes, l’exil ou encore l’amour.
Un roman de société qui invite à « la réflexion et aux débats d’idées », confie son auteur, Mounawar Ibrahim. Vingt-trois chapitres dans lesquels le natif de Ntsinimoichongo évoque des situations que nombre de jeunes comoriens a, au cours de son parcours, rencontré. Le juriste de formation et enseignant de Français dans diverses écoles privées relate la vie de Mwandza, jeune élève brillant qui a gravi toutes les échelles malgré les maux et la misère de son pays. « […], aucun peuple n’était prédestiné à un tel sort, à subir le cours des évènements. Il (Mwandza) s’inquiétait plus pour ses concitoyens désœuvrés que pour lui, qui bénéficiait tout de même d’un léger avantage », écrit l'auteur dans ce roman social paru aux éditions Coelacanthes.
Mwandza, le héros de ‘’Pour une place au soleil’’ est né d’une famille qui arrive à subvenir à ses besoins contrairement à d’autres. Très tôt, il se découvre une passion pour la lecture et les lettres. Une ferveur qui perdure car dans l’avenir, le jeune Maroucrevois réussira dans ses études et décrochera les diplômes ‘’sans difficultés’’. Mais dans son village de Colline dont il compare la vie aux épreuves de Kho Lanta, « réussir à Maroucreve, c’est remporter l’épreuve du poteau. Un véritable calvaire. Le problème était multifactoriel. D’abord, le taux de scolarisation était très bas. Beaucoup trop bas », lit-on à la page 19. A Maroucreve, c’est "soit on milite, soit on crève" et Mwandza est un militant né. Il n’a pas peur de s’engager. Son engagement se découvre lorsque les autorités maroucrevoise décident d’augmenter les frais d’inscription au bac.
Dans un pays où passer la valeur de soi au-dessus des intérêts du pays n’avait plus sa place, la génération de Mwandza contourne les choses et décide alors de mener à bien un mouvement apolitique pour contester contre cette décision. La bataille est gagnée et Mwandza se sent fier car pour une fois, les enfants des pauvres et des riches mènent un combat commun. C’est à Liberta que tout se trace. Le bac en poche, le héros ne doit penser qu’à son avenir et le pays du Sud reste sa destination de rêve. Liberta est l’Eldorado, « la terre de la perdition, la terre bénie de l’insouciance ». Mwandza n’est pas de cette jeunesse tentée par les plaisirs éphémères, sa seule et unique vocation, c’est réussir et réussir à tout prix. Mais il y a aussi Miliza, ‘’la fée’’. Il aimait bien l’appeler ainsi. Elle qui est sa destinée et "incarne la huitième merveille du monde". L’amour inonde leur cœur et plus tard, ils choisiront d’annoncer leur mariage à leurs familles respectives. Ils se heurteront très vite au poids des traditions et verront leur histoire s'émietter. De retour sur sa terre natale, Mwandza se retrouvera en plus confronté à la difficulté de trouver un travail décent dans un système où seuls les gens bien nés ou ayant des contacts haut placés s'en sortent. La quête d'une vie, l'histoire de milliers de jeunes du tiers-monde dont le quotidien est semé d'embûches mais dont la niaque reste intacte.
A.O Yazid
Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.
© : HZK-LGDC