La question mérite bien d’être posée et la problématique, soulevée. Le cri d’alarme des artistes, c’est d’avoir un espace de spectacle digne de ce nom avec toutes les normes acoustiques. Lors du concours Nyora qui a eu lieu à l’Alliance Française de Moroni devant le chef de l’Etat et le ministre de la Culture, Salim Ali Amir a fait remarquer que l’Etat doit avoir honte et donner les moyens pour accompagner la culture comme c’est le cas pour les autres secteurs. Des propos appuyés par Cheikh Mc. De son coté, Lee Nossent estime que la responsabilité revient d’abord aux artistes eux-mêmes.
Lors des prestations de la finale du concours Nyora, le parrain de la musique comorienne Salim Ali Amir a lancé un vibrant appel aux autorités pour la construction d’un espace dédié aux arts scéniques et qui répondrait aux normes acoustiques. Cela en s’indignant qu’un concours d’une grande envergure ait lieu à l’Alliance Française de Moroni. Le message de Salim Ali Amir a touché les passionnés et artistes de la place. « C’est dommage que le Président ne soit pas là pour entendre mon message. C’est une honte qu’après tant d’années d’indépendance, on a que cette salle (Ndlr : de l’Alliance française) pour un tel évènement. Nous remercions l’Alliance mais cette situation devrait réveiller nos gouvernants et surtout qu’un tel évènement se regarde à l’international. […] Nos autorités doivent faire en sorte qu’on ait une salle aux normes comme cela a été le cas avec le stade omnisport et les Cœlacanthes ». Un message fort qui veut tout dire.
Interrogé sur cet appel, le patron du Label Watwaniya, Cheikh Mc fait un break dans l’histoire et rappelle qu’« il y a soixante ans de cela, nous avions une salle dans les normes acoustiques ». Ce dernier se demande toutefois ce qui fait qu’après quarante-cinq ans d’indépendance, on en n’a pas. « C’est une honte et c’est ça qu’il faut voir. Et même l’Alliance, c’est médiocre ce n’est pas une salle de fou par rapport aux salles de spectacles », dit-il en regrettant ne pas pouvoir faire aux Comores les spectacles qu’il fait à Dakar ou ailleurs. « Il n’y a pas que la salle mais toute l’infrastructure est à revoir et je crois que cela rentre dans les prérogatives du service public », poursuit celui qui est loin de faire du manque d’écoles et d’hôpitaux le cadet de ses soucis.
Dans ses propos, Cheikh Mc partage le point de vue de Salim Ali Amir et admet qu’il revient à l’Etat d’accompagner la culture sous toutes ses formes comme il le fait avec les autres secteurs. « L’appel de Salim et de Soulaimana, c’est pour dire qu’ils ont réalisé l’impossible avec des moyens minimes. On n’a pas la logistique pour faire une émission comme Nyora. Ils l’ont fait parce qu’ils ont eu la volonté et le patriotisme pour devancer d’autres pays qui auraient pu le faire bien avant nous. Est-ce qu’on pourra le pérenniser ? Je n’en suis pas sûr si on n’a pas les conditions », dit-il.
De l’autre côté Lee Nossent partage l’idée d’un espace digne mais estime quant à lui que la responsabilité revient d’abord aux artistes. Sur ce, il précise que le plus important n’est pas d’avoir une grande salle mais plutôt une salle qui serait à la hauteur du pays et des spectacles logistiquement et artistiquement parlant. « C’est nous qui devons changer les choses et nous sommes en mesure de le faire », soutient Lee Nossent. Ce dernier souligne qu’en attendant l’aide de qui que ce soit, les artistes doivent se bouger. Ferme sur ses étriers, Lee Nossent est convaincu que « l’État ne va jamais mettre de l’argent dans ce projet par ce qu’il n’en a pas ». Le chanteur appelle tous les artistes à mettre de côté leur « hypocrisie » et s’unir pour prouver qu’ensemble ils sont « imbattables » et « capables ». « Si aujourd’hui on peut aider les villes et villages à construire des routes, des terrains et autres, pourquoi on ne peut pas faire notre truc ? »
Réaménager l’Al-Camar, c’est ce que recommande Lee Nossent car selon lui « cela couterait moins cher » pendant que de l’autre côté Cheikh Mc recommande la nationalisation de toute l’espace Mavuna qui abrite le Centre de Création Artistique des Comores (CCAC) pour la construction d’un centre national avec toutes conditions et formations possibles allant du théâtre à la lumière, la musique et tous les autres arts. « C’est la direction de la culture qui doit réfléchir sur ça, pour que nous les artistes nous puissions appuyer. Mais c’est dommage qu’il n’y ait ni objectif ni besoin », conclut le Cheikh.
A.O Yazid
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