Pour la célébration de la journée internationale de la danse, le monde a dû s’adapter à la crise sanitaire. Et pour cela, aucune fête n’a eu lieu. Aux Comores, la nouvelle génération se félicite et espère des jours meilleurs au secteur.
Depuis sa fondation en 1982, la journée internationale de la danse a été célébrée partout dans le monde chaque 29 avril. Cette année, pour cause de pandémie, les nombreuses activités qui réunissent danseurs et chorégraphes ne peuvent avoir lieu mais pour marquer la journée, des vidéo-conférences ont été organisées. Pour l’Afrique, le réseau des Chorégraphes Afrique et Diaspora a célébré la journée en conférence Zoom. Un rendez-vous qui a réuni les chorégraphes de l’Afrique Centrale, ceux de l’Océan Indien et d’autres noms comme Salia Sanou, Nadège Amétogbé, Sandra Déjardin et le comorien Salim Mzé Hamadi Moissi alias Seush.
A défaut de pouvoir se réunir et marquer cette journée, les danseurs comoriens ont toutefois choisi de s’exprimer et faire un état des lieux du secteur sur le territoire national. Ces nouveaux professionnels de la danse reconnaissent avoir fait un pas contrairement à leurs ainés. Cette réalité, Mohamed Abdou alias Chien de Guerre, membre du collectif Tcheza, s’en souvient et fait savoir que « avant, il n’y avait pas de salle de danse aux Comores et qu’avec l’attribution du Centre de Création Artistique des Comores (CCAC-Mavuna) aux artistes par l’Etat comorien, les artistes se sont retrouvés avec un endroit pour bosser et créer ».
« Quand on a eu le centre, seul endroit qui réunit tous les artistes, la danse a de plus en plus évolué car les jeunes pouvaient se retrouver là-bas et continuer à bosser comme des malades », se remémore celui qui affirme qu’avec l’ouverture du Tcheza School et l’autre projet de Washko, « la danse peut s’attendre et d’autres années de gloire ». Saila Ahmed connue sous le pseudonyme Skyla Breezy est de cette génération de jeunes femmes qui vit de la danse. Depuis sa jeunesse, Skyla a du batailler pour danser car se souvient-elle, « cela n’a pas été facile avec mon entourage ». « Pour eux, la danse n’est pas faite pour les filles et en tant que femme musulmane, ma famille voit une honte pour la femme d’aller danser en public. On m’a traité de tous les noms en plus de l’interdiction de mes parents. Je n’ai jamais abandonné et ironie du sort, ce sont les insultes des uns et des autres qui m’ont poussé à aller au bout de mes rêves et aujourd’hui je peux prétendre être une danseuse professionnelle », dit-elle en affirmant que ce qui l’anime actuellement c’est de faire des grands projets et représenter la culture comorienne à l’extérieur et prouver au monde entier que la femme comorienne a sa place dans le monde.
Si Skyla a pu réaliser son rêve en grande partie à Salim Mzé Hmadi Moissi. Le fondateur et chorégraphe de Tcheza a donné de la force et de la chance à la majorité des jeunes talents comoriens. Depuis son retour au pays, lui à l’instar de Washko, fondateur du collectif UniSon ont mis les engrais pour faire une place à la danse. Seush a, après avoir permis à des jeunes garçons de sillonner le monde, donné la chance aux femmes en créant le spectacle 100% féminin « Queens of the moon » qui va parler de la femme comorienne.
En plus de la danse contemporaine et urbaine, la scène comorienne s’ouvre à l’Afro Dance avec un collectif comme Afro Comoco et aux danses de Salon avec K-Danse. Malgré cette influence, la danse traditionnelle ne perd pas ses valeurs. Membre fondateur de l’association Tsidjé Ulanga, Ismael Soilihi Houssam fait savoir qu’aujourd’hui « la danse traditionnelle se pratique beaucoup plus par passion et en loisir plus qu’en professionnel » car « elle est sans avenir ». « Malgré l’immersion des nouvelles tendances, la danse traditionnelle ne perd pas sa place et il faut aussi savoir que jamais elle ne va le perdre car dans les localités loin de Moroni elle se pratique encore plus alors que les contemporaines se résument à la capitale », justifie-t-il. Il faut souligner que cette journée en dit long pour tous ces jeunes danseurs mais la question reste à savoir ce que leur réserve l’avenir.
A.O Yazid
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