La Gazette

des Comores

Interview : Watwaniya Production, 20 ans après

Interview : Watwaniya  Production, 20 ans après © : HZK-LGDC

Cheikh MC, figure incontournable de la scène musicale comorienne, nous fait découvrir Watwaniya Productions. une véritable maison de production pensée pour propulser les talents locaux sur la scène internationale. Entre vision artistique, développement local et innovation technique, il nous dévoile les coulisses d’un rêve devenu réalité. Il a accepté de répondre à nos questions.


Question : ⁠Watwaniya Production, c’est quoi ?

Cheikh MC : Watwaniya Productions est un label de musique que nous avons imaginé de façon originale, avec un modèle économique qui nous est propre.Il est né à une époque où l’accès aux studios était très limité. Notre vision a alors été d’investir dans des studios afin d’offrir aux jeunes la possibilité de créer et de s’exprimer à travers la musique.L’aventure a commencé sous le nom de Cheikh Prod, au début des années 2000. En 2005, elle a évolué et s’est officialisée sous le nom de Watwaniya Concept, d’abord en tant qu’association avant de devenir une société, qui a ensuite pris le nom de Watwaniya Productions. Son ambition était claire : produire une musique de qualité, destinée à être diffusée à l’international.

Depuis, Watwaniya Productions a accompagné de nombreux artistes au cours des vingt dernières années, en restant fidèle à sa mission : rendre la musique accessible et porter des talents vers de nouveaux horizons.

 Question : ⁠ ⁠Qu’est-ce qui change entre ce nouveau studio et l’ancien ?

Cheikh MC : Nous sommes passés d’un simple studio de 24 m² à une véritable maison de production de plus de 340 m².

Aujourd’hui, nous ne disposons plus seulement d’un studio d’enregistrement :

            •          Un studio principal, plus spacieux et mieux équipé,

            •          Un studio live, avec tous les instruments nécessaires,

            •          Une salle multimédia, un bureau et même un rooftop,

Le tout repose sur une indépendance énergétique grâce au solaire, et tous les studios sont isolés, climatisés et construits selon les normes acoustiques européennes.Au-delà de l’infrastructure, nous avons franchi une nouvelle étape en passant du volontariat au professionnalisme, avec désormais 7 salariés permanents.Mais notre plus grande fierté reste la construction du premier studio d’enregistrement sur l’île de Mohéli.

Un lieu unique qui réunit à la fois un studio d’enregistrement classique et un studio live, utilisable aussi bien pour les répétitions que pour l’enregistrement en direct.

Question : ⁠⁠Quelles sont les inspirations derrière la création de ce studio ?

Cheikh MC : Pour moi, le talent n’a pas de frontières. Ce sont les moyens qui limitent parfois dans certaines régions du monde, et nous faisons partie de ces territoires.

Pour donner un exemple, en tant qu’artiste, la totalité de mes projets a été finalisée à l’extérieur, ce qui coûte énormément cher, et très peu de Comoriens peuvent se permettre de faire de même. Cela m’a néanmoins permis d’être diffusé à l’international. Aujourd’hui, avec cet outil à notre disposition, nous pouvons produire des projets de qualité, diffusables à l’international, sans avoir à dépenser nos moyens à l’extérieur. Cela nous permet de rêver encore plus grand et de viser notre ambition : placer l’artiste comorien sur la grande scène internationale.

Question: ⁠Comment as-tu financé la création du studio ?

Cheikh MC : Pour financer la rénovation à Moroni, la construction à Mohéli et l’équipement, nous avons bénéficié d’un dispositif français appelé FEF Création.

Pour faire simple, le financement a été assuré par l’ambassade de France auprès de l’Union des Comores.

Question : ⁠Quels services seront proposés (enregistrement, mixage, mastering, etc.) ?

Cheikh MC : Aujourd’hui, nous sommes en mesure de proposer un service complet d’enregistrement, de mixage et de mastering, mais aussi une résidence artistique dédiée à la création de spectacles et aux répétitions.Nous offrons également des services en marketing et en production de contenu audiovisuel pour la promotion des artistes, tout en restant ouverts à d’autres collaborations. Par ailleurs, nous pouvons accompagner des entreprises dans leur communication, et proposer des services événementiels, un domaine dans lequel nous avons toujours été actifs.

Question: Quelle place comptes-tu donner aux jeunes talents locaux ?

Cheikh MC : Je n’ai pas la prétention de donner une place à l’artiste comorien, mais j’aimerais contribuer à lui offrir ce qu’il mérite.

Si nous pouvons permettre à l’artiste comorien de briller dans le monde tout en restant dans son pays, alors nous aurons accompli quelque chose d’essentiel, car notre pays a besoin de toute sa jeunesse est surtout la plus talentueuse.

La musique est un produit plus consommé que le riz et si on arrive à donner à César ce qui appartient à ses arts, l’artiste comoriens pourra activement contribuer au rayonnement du pays.

Question:⁠ ⁠Un message pour les artistes qui hésitent encore à franchir le pas ?

Cheikh MC : Pour information, les studios sont déjà opérationnels.

D’ailleurs, nous avons entamé une période de formation de trois semaines à Moroni et à Mohéli, couvrant les différents métiers de la musique : management artistique, ingénierie du son, ateliers d’écriture et de chant, et bien d’autres disciplines.

Question:⁠ ⁠Comment vois-tu ton studio d’ici 5 ans ?

Cheikh MC : Dans cinq ans, j’espère que des artistes d’autres nations viendront chez nous pour produire leur musique, attirés par la qualité de nos studios et de nos services.

 

Propos recueillis par Kamal Gamal


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