L’interminable voyage est le premier roman d’Ahmed Abdallah Mgueni qui vient de paraître aux éditions Edilivre. L’auteur parle de l’histoire d’un jeune comorien qui veut rallier la France clandestinement à la recherche d’une vie meilleure. La vie meilleure dont il a tant rêvé n'était qu'un mirage et a amené Bedja à regretter son choix de quitter son pays natal. Cet ancien rédacteur en chef de La Gazette des Comores nous en dit plus dans cet entretien qu’on a eu avec lui.
Question : De quoi parle L'interminable Voyage?
Ahmed Abdallah Mgueni : Le roman parle d'un jeune comorien (un jeune africain) qui quitte son pays pour rallier l'Europe à la recherche d'une vie meilleure. Malheureusement, du début jusqu'à la fin, ce voyage est un cauchemar pour ce jeune car il frôle même la mort. La vie meilleure qu'il a autant rêvé n'était qu'un mirage et il s'est mis même à regretter son choix de quitter son pays natal. La vie de clandestin en France n'est pas du facile pour lui. Il est confronté à la réalité de la vie des immigrés et il n'est pas loin de la dépression. De manière générale, on aborde dans ce roman, l'épineuse question de l'immigration clandestine, la vie des immigrés en France, l'intégration dans la société française des Comoriens et enfin du quotidien des Comoriens de Marseille. Et on ne peut pas parler des communautés comoriennes de cette deuxième ville française sans parler des mariages business et des mariages arrangés.
Question : D'où vient l'inspiration de ce roman?
AAM : L'immigration clandestine est un sujet d'actualité. Il ne se passe pas un seul jour sans qu'on ne parle de ce phénomène. Les Comores ne sont pas épargnées. D'abord dans la traversée de la mort entre Anjouan et Mayotte et bien sur les nombreux Comoriens qui tentent de rallier l'Europe par tous les moyens. J'ai écrit des articles et de reportages sur la question mais je trouvais que c'était insuffisant. Idem pour la question des mariages business dans la communauté comorienne de France. J'ai écrit un article mais depuis, la situation s'est aggravée. Il y a une sorte de vente aux enchères des jeunes filles. La situation est devenue insupportable pour les familles du marié. Et comme vous pouvez l'imaginer, les conséquences sont néfastes à l'image des divorces en cascade des jeunes couples. Donc pour toutes ces raisons, j'ai décidé de lever le voile sur ces sujets de société qui nous concernent tous de près ou de loin.
Question : Qu'attendez-vous d'un tel roman ?
AAM : Certains pensent que j'ai voulu décourager les candidats à l'immigration clandestine mais non. Je ne pouvais en aucun cas les décourager surtout que chacun à sa chance. L'adage dit qui ne tente rien n'a rien. Je ne veux les décourager non plus car la plupart d'entre eux quitte les siens parce qu'ils n'ont pas de choix. Leur vie en Afrique n'a pas de sens. Donc c'est le seul moyen d'avoir un second souffle. Mon objectif est donc de les sensibiliser. Je voudrais que chaque migrant prenne l'ampleur de ce voyage aussi difficile que mortel. Retenez que la plupart de ceux qui ont fait la traversée disent qu'ils ne le referaient jamais. Et la déception est aussi grande lorsqu'ils arrivent en Europe et que les conditions de vie sont en plus dures. Peu de gens arrivent à s'en sortir et pourtant ils croyaient avoir fait le plus dur en traversant l'océan à bord d'une embarcation de fortune.
Question : En tant que journaliste, pourquoi un roman plutôt qu'un reportage ?
AAM : En réalité, le fond du livre est un grand reportage. Le récit est le résultat d'une enquête et d'un reportage camera embarquée du début du processus d'immigration clandestine jusqu'à la vie d'immigré en Europe. J'ai du interviewer plusieurs personnes qui ont fait la traversée de la Méditerranée et d'autres qui vivent en France depuis des années. Mais ces personnes n'ont pas voulu témoigner à visage découvert. Donc pour donner un sens à ces faits, j'ai réalisé un roman avec un peu de couleur pour faire passer le message.
Question : Votre vie en "exil" loin du pays a-t-elle inspiré le roman ?
AAM : Bien sûr que cette nouvelle vie est pour quelque chose dans ce roman. Certes, je suis en situation régulière contrairement au personnage du roman, mais l'intégration n'est jamais facile. Il a fallu que je m'adapte à une nouvelle culture, une nouvelle langue et une nouvelle réalité. J'ai dû me battre très fort pour trouver une place. C'est pour vous dire que j'ai traversé le désert mais peut être d'une manière différente de ceux qui sont en France. Donc, une partie du roman, j'ai raconté une réalité étant donné que je vis cette vie d'immigré. Aussi, dans cette nouvelle vie, j'ai dû rencontrer des gens en situation irrégulière qui peinent à joindre les deux bouts. Et là aussi, je l'ai décrit dans le roman tout en l'adaptant dans le contexte français.
Propos recueillis par Mohamed Youssouf
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