Dans le cadre du 4e Festival des Arts Contemporains des Comores dont le thème récurrent est Hudjidjuwa (la connaissance de soi), l'écrivain sénégalais Racine Senghor a rencontré des collégiens comoriens pour échanger sur l'estime de soi et la renaissance africaine. Auteur d'ouvrages pour la jeunesse, ce descendant de Léopold Sedar Senghor s'est livré à La Gazette des Comores sur son choix pour la littérature d'enfance ainsi que sur son combat pour la promotion de la lecture et de la culture auprès des jeunes. Interview.
Question : Racine Senghor, bonjour! Vous avez plus de 5 romans à votre actif. Quels sont vos thèmes de prédilection dans vos œuvres ?
Racine Senghor : Bonjour. Au fait, ce ne sont pas des romans mais de la poésie pour tout le monde et de la littérature enfantine. Il s’agit un peu de l’expérience de vie et les promesses d’Afrique que j’évoque dans ces poèmes là, avec un très fort souci de l’enracinement et regard personnel d’être lucide sur notre monde et sur son devenir. Je m’intéresse beaucoup, dans ma poésie, à l’environnement, à l’Afrique et à l’idéal que je me fais aussi d’un monde que la communauté humaine doit construire. Pour ce qui est de la littérature enfantine, j’ai beaucoup insisté sur des vécus d’enfants et des éléments de la mythologie parce que nous avons un patrimoine qu’on doit sauvegarder. Et donc, j’ai pensé que c’est dans l’imaginaire des enfants qu’on doit mettre ce patrimoine. C’est ainsi que dans tous mes petits récits pour les enfants, je renvoie à des éléments de l’imaginaire africain, de la légende ou du mythe.
Question : On vous connaît aussi comme un fervent défenseur de la Renaissance africaine. Est-ce que vous pourriez, pour nos lecteurs, nous définir ce que représente cette notion de Renaissance africaine pour vous ?
R.S : Pour moi, la Renaissance africaine est une Afrique où chacun prend conscience de ce qu’il est, se cultive, s’enrichit de savoir pour pouvoir participer à construire l’Afrique, mais aussi le monde, et être fier que ceux qui les ont précédés, ils ont fait leur partition... C’est l’Afrique qui se prend en charge à partir d’une bonne connaissance de soi et de l’estime de soi. Il s’agit pour l’Afrique, de jouer sa partition dans le concert mondial mais jouer sa partition, c’est apporter quelque chose. J’ai demandé aux enfants de cultiver le savoir, il faut qu’ils soient d’excellents connaisseurs, à partir de quoi, ils peuvent faire des choses, construire, inventer, participer à la vie du monde parce qu’ils sont présents, parce qu’ils sont habiles, intelligents de leur dix doigts, ils ne sont pas analphabètes et sont capables de faire quelque chose. Au jour de la Renaissance, que chacun prennent ses responsabilités et les assument par le savoir, par l’intelligence et par l’action.
Question : Vous avez, l'année passée, participé à la 16ème édition de la Foire internationale du livre et du matériel didactique de Dakar (FILDAK) pour promouvoir les livres, essentiellement auprès des jeunes. Est-ce que vous seriez prêt à participer à un évènement similaire aux Comores ?
R.S : Bien sûr que oui! Moi je vis des livres et de lecture, c’est ma passion première. Je suis écrivain, je suis aussi grand lecteur, je suis membre des grands jurys internationaux et je viens de participer au jury du prix des cinq continents de la francophonie. Oui, mon combat, c’est ça. Je serais très heureux et je participerais volontiers à la création d’un salon du livre ici aux Comores...
Question : Descendant de l'éminent Léopold Sedar Senghor, est-ce que ce n'est pas cette parenté qui vous a poussé dans cette voie là ?
R.S : Non ! Je suis né dans une famille de lecteurs. Mes parents étaient de grands lecteurs aussi ensuite, j’ai eu des maîtres à l’école qui m’ont encore appris à aimer les livres et qui m’ont initié au plaisir de lire, pouvoir en jouir. C’est donc toute une histoire, une trajectoire. Mais je pense que pour être un lecteur, il faut commencer à lire très tôt, c’est pourquoi j’écris pour les enfants car quand on apprend à lire tôt, on devient lecteur. Dans le cas contraire, c’est difficile de le devenir ou de l’être pour le plaisir. La lecture est une chose plus enrichissante qui ouvre l’esprit à beaucoup de perspectives notamment à l’imagination, à la créativité, à l’innovation et au progrès.
Question : Quelles sont vos appréciations sur la culture et la littérature comoriennes ?
R.S : Je n’ai pas une bonne connaissance de la littérature comorienne seulement, j’ai une appréciation très positive des Comores, des Comoriens et de la culture comorienne d’une manière générale, qui est riche de sa singularité et de sa proximité avec la culture de tout le continent. Aux Comores, je ne me sens pas étranger car je vis ma culture sénégalaise ici. J’ai des aspects de cette culture comorienne qui sont distincts mais ce sont des variantes, des nuances d’une même grande civilisation africaine faite de grande valeur. Il suffit de se promener dans les rues de Moroni pour la voir et la sentir (Rires..). C’est mon premier séjour mais je vous garantie de revenir assez souvent.
Propos recueillis par A.O Yazid
Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.