La Gazette

des Comores

Farid Youssouf, artiste : « Je me suis donné corps et âme pour exceller et évoluer »

Farid Youssouf, artiste : « Je me suis donné corps et âme pour exceller et évoluer » © : HZK-LGDC

Farid Youssouf prépare son troisième projet après « Bariza Husha » en 2001 et « Wanantsi » en 2004. 6 ans après, le chanteur natif de M’béni décide de revenir et cette fois dans une autre dimension. Dans une interview exclusive accordée à La Gazette des Comores/ Hzk Presse, l’auteur de « Assia » et « Nyora » évoque ses débuts, son temps de break et son avenir sur la scène musicale. Interview  


 

Question : Comment êtes-vous entré dans la musique ?

 

Farid Youssouf : C’est en intégrant l’association Djadid El Fahar de M’béni en 1993 que j’ai commencé à apprendre les instruments musicaux. De 1993 à 1994, je me suis initié pour la première fois à la chanson. À cette époque, les premières chansons que j’ai écrites, ont commencé à avoir une lueur et à atteindre mon jeune public naissant, plus précisément à être connues uniquement qu’à Mbeni. Parmi ces chansons, il y a « Mfumatso », « Nadhiri », « Bariza husha », « Sirikali Narisane », « Nyora » et plein d’autres. C’est de là que découlent les premières étincelles de mes chansons dont certaines ne sont pas enregistrées.

J’ai longtemps figuré membre des orchestres musicaux mais j’avais toujours l’idée et l’ambition d’être un musicien indépendant. Je me suis donné corps et âme à mes propres moyens pour exceller et évoluer. En 1997, j’ai été convoqué dans un concours pour proposer une chanson de réconciliation de l’État après le séparatisme d’Anjouan. Malheureusement, quoique ma chanson ait été jugée d’une importance capitale et plus thématique, elle n’a pas été retenue. Mais cela ne m’a pas découragé. En 1998, j’ai encore participé à un concours pour, cette fois-ci, la lutte contre la drogue aux Comores dont j’ai remporté le premier prix.

En 1999, après une discorde avec l’orchestre Djadid El-Fahar, avec lequel j’ai débuté ma carrière, j’ai décidé de lancer mon propre orchestre « Wulezi des Comores » au mois de juillet. Une initiative qui m’a permis d’officialiser, en 2000, mon orchestre dans un concert qui s’est déroulé à la plage du Trou du prophète à Memboimboini devant 4000 spectateurs. En 2001, j’ai sorti mon premier album CD, « Bariza husha », suivi d’un deuxième en 2003, « Wanantsi » et en 2004, je suis parti en France où ma carrière musicale continue toujours jusqu’à lors.

 

Question : Depuis 2004, vous n'avez pas sorti d'album après le succès de Bariza husha et Wanantsi. Pouvez-vous nous en dire plus ?

 

F.Y : Oui, depuis 2003, j’ai décidé de ne plus enregistrer d’album, raison pour laquelle vous avez assisté à une période où je n’ai publié que des singles pour pouvoir rester toujours en activité, faire briller ma carrière et contribuer à la richesse culturelle de mon pays. Cette décision est prise pour la simple raison que, ici en France pour les studios d’enregistrement professionnels, le moins cher coûte entre 30 à 40 euros l’heure, ce qui fera plus de 200 euros la semaine. Donc, risquer de s’investir pendant des mois et dépenser plus 6000 euros alors qu’on est sûr de ne rien gagner en retour est l’une des principales causes de cette décision.

Pour vous donner un exemple, s’il se trouve que je m’investis à vouloir vendre des albums, dans ce cas, n’ayant pas de producteur, je pourrai envoyer jusqu’à 200 cd aux Comores, mais parmi ces 200 disques, ce ne sera qu’une vingtaine qui sera vendue et que chaque disque parmi ces 20 sera finalement plagié et vendu à profusion à Volovolo en contrefaçon à 500 francs. Nous n’avons pas une garantie pour nos droits d’auteurs et pour notre propriété intellectuelle. Et le gouvernement n’a malheureusement pas mis une politique de protection des droits des artistes comme fait la SACEM en France. S’aventurer dans une telle démarche pour un artiste national, c’est risquer de finir sa carrière en étant surendetté ou en faillite. Aujourd’hui, j’espère publier mon prochain album en essayant de suivre les normes des ventes en streaming pour bénéficier au moins d’une garantie et d’une sécurité à l’échelle internationale.

 

Question : S'est-il passé quelque chose qui vous a poussé à prendre cet élan ?

 

F.Y : Je n’ai jamais pris d’élan. Depuis 2013, je n’ai cessé d’enregistrer des morceaux comme : « Nida bo Nida », « Fataha na Kisiri », «  Habiba »,  « Bahatia », « Mbaba », « Lahda »,  « Mdzima », « Udoyo », « Tsikosa », « Nyora », « Mbandzi », « Haki », « Anfu  (Asimini) »,  « Anziz », «  Gawa », « Nfumatso », « Makonokono » et 12 titres des pohori (sorte de lecture poétique comorienne). J’ai plutôt opté pour une nouvelle stratégie pour ainsi m’inspirer et revenir encore plus fort que je ne l’ai été.

 

Question : Avec l’adoption de la loi sur la propriété intellectuelle et le droit voisin en Union des Comores, ne pensez-vous pas que vous aurez les conditions pour faire des bénéfices ? Allez-vous en profiter dans ce cas ?

 

F.Y : J’espère que cette loi réussira à mettre de l’ordre, à former des personnes qui seront capables d’assurer la veille de nos droits. Et surtout inculquer à la population comorienne l’idée de supporter les artistes et de respecter leurs travaux, notamment leur droit d’auteur et leur créativité intellectuelle. A partir de cet élan, chaque artiste peur jouir de ce qu’il fait, donc de son travail de création et cela quel que soit son domaine de créativité. Personne ne va profiter de personne. Par contre, il faut savoir que chaque artiste est gagnant et va pouvoir avoir les bénéfices en fonction de son travail.

 

Question : Vous êtes un des artistes qui ont connu un franc succès sur le plan national. Est-ce que l’idée de mettre fin à votre carrière vous déjà traversée ?  

 

F.Y : Je n’ai jamais eu et n’ai pas l’intention d’arrêter la musique. En 2012, j’ai juste décidé après avoir fait mon opération chirurgicale, d’arrêter de donner des concerts bénévoles en France en faveur des associations, pour me consacrer justement à mes propres concerts. La preuve, à chaque fois que je retourne au pays, j’enchaîne mes tournées.

 

Question : Vous comptez faire votre retour sur la scène musicale. Quelles seront les nouveautés que vous allez apporter à vos fans ?

 

F.Y : Je travaille sur mon nouvel album que j’espère sera disponible prochainement.

 

Propos recueillis par A.O Yazid

 


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