Vainqueur de la première édition de l'émission Nyora, Fahid le Bled'art soutient après avoir vécu tous les travaux et les étapes de l'émission que le projet ne propulse non seulement une étoile de la musique comorienne mais prépare également des artistes capables d'assurer la scène musicale du pays. Pour parler de Nyora, il a accepté de répondre aux questions de La Gazette/HZK-Presse. Interview.
Question : La société nationale des télécommunications (Comores Télécom) avec l'agence de communication Tartib viennent de lancer la deuxième édition Nyora. C’est quoi la nouveauté pour cette année ?
Fahid le Bled'art : Il faut déjà dire que la première édition, le concours était régionale tandis que celui-ci est nationale. C'est déjà un pas en avant pour le projet. Car la première était surtout un essai pour mieux préparer la deuxième édition. Pour les jurys, j'ai appris que la note passe de 60% à 70%, tandis que celle du public est réduite à 30%. De plus, dans cette édition il y'a beaucoup de talents que même les jurys auront du mal à faire un choix. Côté design, on observe quelques améliorations quant aux musiciens, ça joue avec des professionnels. Mention spéciale pour l'émission acoustique live qui a eu lieu récemment.
Question : L'émission Nyora t'a permis d'exposer ton talent. Et grâce à elle tu es devenu célèbre. Donc à part le succès, qu’ce que Nyora apporte aux candidats ?
Fahid Bled'art : En fait, Nyora c'est une émission qui offre plus aux candidats que ce que les organisateurs gagnent. Car tous les candidats ressortent gagnants. Il n'y a ni perdant ni gagnant. Nyora aide vraiment les jeunes. Car elle brise la mentalité selon laquelle on a plus d'avenir quand on déserte le chemin de l'école. Elle permet au candidat de vivre de son art. Donc tout d'abord, le candidat gagne de l'expérience dans la mesure où lorsqu'il se livre à sa prestation, c'est tout un travail artistique déjà préparé avec l'équipe de Dadiposlim. Le candidat apprend le langage artistique, il apprend les gestes et techniques qu'ils n'avaient pas au début. Il se peut même qu'un candidat arrive dans Nyora avec 15° mais il ressort à la fin de l'émission avec 40°. C'est un avantage. En plus l'artiste gagne beaucoup en visibilité. Qui ne connaît pas Ibou Black aujourd'hui. Pour dire en un mot que l'émission prépare des artistes à un niveau que même les jurys choisissent un seul candidat à la finale, forcément parce qu'il doit avoir un seul gagnant.
Question : Douze candidats se font valoir dans cette deuxième. Et d'après les prestations scéniques déjà réalisées tu peux déjà avoir une intuition sur ton successeur. Lequel ?
Fahid Bled'art : Franchement il y'a beaucoup de talents et décider sur le candidat qui va remporter la victoire est très difficile. Cette question, je pourrai peut-être la répondre à la fin de l'émission. Comme quoi choisir un candidat maintenant est vraiment compliqué. Je tiens à les dire que je les soutiens tous et je voudrais tous qu'ils gagnent. Sauf que c'est impossible, il va falloir attribuer le titre et le prix à un seul gagnant. Et seul l'avenir nous le dira.
Question : Avant de participer dans la première édition du Nyora, tu étais déjà passionné de musique. Comment tu es tombé dans la musique ?
Fahid Bled'art : J’ai toujours aimé la musique. Déjà tout petit, j’imitais les chanteurs sans même prononcer bien les paroles. Mais comme on dit « ndrongo nde ngono », je ne me gênais pas. Puis un grand frère surnommé Étienne m’a pris la main et m'a mis sous son aile en m'apprenant les bases de la guitare. Après il m’a intégré dans son groupe d'orchestre qui faisait du « Toirab » lors des grands mariages. Avec le temps, on a pu créer avec quelques personnes un groupe du rap, de slam et du chant mais moi j’étais plutôt slameur et chanteur parce que c’était dans ces styles que j’arrivais à écrire des textes profonds et touchants.
Question : Pour suivre ton chemin, aurais-tu un artiste local ou international sur qui tu t'inspirer pour éclairer ton chemin ?
Fahid Bled'art : Pour dire vrai au début, chanter pour moi était une passion mais non un métier. Et pour m'amuser j’écoutais beaucoup Singuila, Grand Corps Malade, Lauryn Hill, Alicia Keys… comme artistes internationaux. Au niveau local, beaucoup d’artistes m’ont inspiré par leurs voix, leurs façons de dire les choses. C'est le cas de Moussa Youssouf, Papa Lévis, Dadi, Moumtaz, Zainaba Ahmed, Chamsia Sagaf, Farid Youssouf (qui lui, d'ailleurs a écrit le texte de « Mbetsa »). Quand j’écoute ces artistes, je ressens les émotions qu’ils expriment à travers leurs textes. Ces gens là, m'ont poussé à donner le meilleur de moi même surtout quand je participais à la première édition du Nyora. Je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre mais j’ai des personnes derrière moi qui me coachent et m’aident à évoluer dans la musique.
Question : Faire de la musique, c'est être confronté à la fois à des circonstances heureuses et malheureuses. Tu nous parle un peu de tes obstacles et de tes succès ?
Fahid Bled'art : Pour raconter mes succès et mes obstacles, nous allons passer une journée entière. Mais il n'y a pas de métier facile. Lorsqu'on travaille, on se confronte à des obstacles surtout. Et ce sont ces obstacles qui nous forgent. Après, il est vrai que dans un pays comme le nôtre, il est un peu difficile de faire de la musique. Et il n’y a pas que la musique, je dirais plutôt qu’il est difficile de vivre de l’art. Je trouve qu’aux Comores l’art n’est pas encore reconnu comme un métier professionnel. Je pense que tout changera un jour.
Propos recueillis par Kamal Gamal
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