Au soir du 5 septembre, la nouvelle du décès de l’artiste, a commencé à circuler au conditionnel. Personne n’osant croire à une nouvelle aussi tragique. Au fil du temps, la toile s’empare de la nouvelle, et les témoignages affluent des quatre coins du pays et de l’hexagone où résidait l’artiste. Il serait décédé d’une crise cardiaque.
Pour la journaliste Faiza Soulé Youssouf qui le connaissait bien, elle résume ici, la quintessence de « l’artiste qui nous a fait aimer ou découvrir de vieilles chansons comoriennes. Qui a chanté avec intensité, l’amour, le travail, la dignité. L’artiste si simple, un peu introverti. Dont le regard s’illuminait, dont le visage s’irradiait quand il chantait. Seulement quand il chantait. L’artiste si solidaire. Solaire aussi. Il était lumineux. Bourguiba n’est plus. À cet âge, on peut se penser immortel. Alhamdulillah. Bourguiba n’est plus. Il est mort jeune, trop jeune. Il était trop jeune pour mourir. Ces derniers temps, l’on sentait que le chanteur cherchait à acquérir une dimension nouvelle. Lui qui d’ordinaire était si doux, si gentil, l’on sentait poindre une colère. Il voulait plus pour les artistes, plus pour la culture, plus pour le pays, plus pour la république. Tu aimais tant ton pays malgré tout. Alhamdulillah ».
Pour Fahad Youssouf : « Un prodige fulgurant s'éteint. Il a illuminé la scène artistique comorienne et régionale. Il est parti de ses œuvres, mélange brut de graffitis, de poésie et de dénonciation sociale, capturent une énergie sauvage et un cri contre l'injustice. Mort jeune, le regretté a laissé une empreinte indélébile, transcendant le monde de l’art contemporain, incarnant l’éphémère d’une jeunesse brûlée par son propre génie ». Quant au site « Djoumoichongo Info », Bourguiba en tant qu’auteur, compositeur et interprète : « a su toucher le cœur de la communauté avec des chansons intemporelles. Parmi ses œuvres les plus populaires, "Biashara" a rencontré un succès retentissant, résonnant bien au-delà des frontières des Comores. Sa chanson "Rohoni" et bien d'autres, continuent de vivre dans les mémoires, laissant une empreinte indélébile dans l’univers musical ».
En marge de ce décès, une polémique a fait jour, dans la mesure où l’artiste Salim Ali Amir était programmé pour un concert à Marseille en cette période. Les uns demandant le report de l’évènement à la mémoire du défunt et les autres mettant en avant l’impératif de répondre à des obligations professionnelles de longue date. Dans tous les cas, ce débat a le mérite de mettre au premier plan la place des œuvres des artistes, qui pour certains, doivent être relégués au second plan après leur disparition. Un argument qui ne tient pas la route, dans la mesure où justement, ce sont ces œuvres qui en font leur renommée. Le débat est lancé et il appartient à notre société et à nos responsables d’y apporter des réponses pratiques et sortir des débats sans fins.
Bourguiba était un artiste engagé. Le 9 aout dernier sur son mur Facebook, il avait écrit ceci : « Un jeune sans espoir c'est une bombe à retardement, ça fait longtemps que les gouvernants successivement ne cherchent pas une vraie solution, aujourd'hui on voit les conséquences avec la montée de la délinquance, la prostitution et le crime chez les jeunes. Et si vous ne faites rien le pays risque de devenir un 2eme Haïti ». Bourguiba à 47 ans, laisse une femme et deux enfants. La date de ses obsèques aux Comores dans la localité de Bandamadji-Itsandra, sera connue ce mercredi. Que Dieu le tout puissant, l’accueille en son Paradis.
Mmagaza
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