Le débat est lancé et un choix donc s’impose tant pour les artistes de musique que pour les auditeurs et autres fans. Si pour certains, des sites de streaming (diffusion) comme Amazon, Spotify, Youtube Music ou Deezer restent la tendance, certains pensent que pour la réalité comorienne, le choix n’est autre qu’à travers AudioMack.
« Idéalement, je préfèrerais évidemment que notre musique soit exclusivement payante. Cependant les plateformes de téléchargement ne sont pas encore adaptées à un pays comme les Comores dont le taux de bancarisation est très faible. Sachant que la consommation en physique a quasiment disparu, je pense qu'Audiomack est une bonne alternative pour faire en sorte que le projet soit écouté par le public comorien en particulier. D’autant plus que ça n’empêche en rien les abonnés aux plateformes d'écouter les albums sur ces dernières », explique d’emblée AST, rappeur et responsable de la maison audiovisuelle Interface Prod.
Ce dernier dit ne pas défendre le stream sur audiomack, mais considère que les revenus générés par le streaming sont encore trop faibles, d'autant plus pour un artiste comorien dont 90% de son public sont des comoriens d'ici ou ailleurs. Si Aboubacar Said Tourqui, de son vrai nom précise que « la scène reste encore aujourd'hui la source principale de revenu des artistes comoriens », ce dernier rappelle que la qualité du travail d'un artiste ne doit pas dépendre des canaux de diffusion car « en dehors de l'argent on joue d'abord notre réputation ».
Cette idée de facilité à l’accès pour le public comorien, Cheikh Mc tente bien de l’expliquer. Dans son propos, le patron de Watwaniya Production rappelle que le stream est le dics vinyl, la K7 ou le CD de l’époque actuelle et que c’est une façon pour les artistes de vendre leurs produits et prendre le dessus sur le piratage. « C’est très positif », lance-t-il avant de monter que « notre pays n'est pas malheureusement au rythme du reste du monde. La consommation limitée par la cherté de l'accès à Internet et le fait que très peu ont la possibilité d'effectuer de paiement en ligne, font que nos revenus YouTube sont limités et pour le reste des plateformes, le public comoriens est tout simplement absent ».
De son côté le patron du Eagles Flight Musik, DaMost Wanted, pense que diffuser sur Audiomack, c’est habituer le public comorien à la gratuité. « Certes avant c'était plus difficile de commercialiser les œuvres audio car le seul moyen qui existait c'était le CD. […] On se cotisait, vendait nos paires de basket pour pouvoir nous payer une séance studio chez feu Fathi ou chez Sahilman et qu'ensuite nous sortions le track gratuitement juste pour nous faire un peu de buzz à l'école », se souvient Farid Youssouf de son vrai nom.
Loin de là, l’auteur de « Swawt Energy » se rappelle que même avec l’arrivée des premiers sites de stream, il a continué à « offrir » à son public. « Je me suis dit, si je continue encore à fournir du gratuit, on ne verra jamais un fan devenir ensuite un artiste qui vivra de son art, comme nous aujourd'hui, le souhaiterions », avance-t-il se demandant comment faire pour changer cela. Ainsi, il tente, malgré tout, d’attirer son public vers les sites de stream légale. « Si nous sommes légions à le faire aux Comores moi et les autres artistes du bled, à mon humble avis le public suivra et la technologie qui va avec aussi », dit-il, car « C'est tout un écosystème commercial qui est à construire... Et seul ça va être long, à plusieurs on y arrivera... l'intérêt surviendra ! »
Auditeur et mélomane, Youssouf Alihamidi, lui préfère Youtube à tout autre site car étant « un site mondialement fréquenté » et donne alors un accès facile aux artistes comoriens qui en majorité chantent en comorien. Comme pour les uns et les autres le plus important c’est la musique. Le choix du site est un autre débat mais qui consiste, selon les avis de tous, à lutter contre le piratage.
Kamal Gamal
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