Bientôt cinq mois depuis que Sitty Thourayat Daoud est en prison. Les artistes, le collectif qui la soutient et ses avocats demandent que justice soit faite. Pour un début, ils réclament une « liberté provisoire ». Mais rien ne fait fléchir le tribunal, pas même l’état de santé de l’accusée.
Cent trente-quatre jours déjà que Sitty Thouraya continue de croupir en prison, « accusée à tort » d’avoir vidé le coffre-fort de la caisse de retraite (18 millions de francs comoriens). Nous sommes le 3 janvier 2018, Sitty, une jeune femme de 29 ans est placée en garde à vue avec deux autres suspectes, dont la femme de Maoulana Charif, le premier vice-président de l’Assemblée de l’Union des Comores, et directrice de l’institution. La directrice et la cheffe comptable sont vite relâchées sous caution (six millions de francs comoriens). Pour la comédienne, ce n’est pas le cas.
« Pourquoi les mêmes faveurs ne sont pas appliquées à toutes les accusées ? Après tout, c’est un droit pour toute personne d’obtenir une liberté provisoire, surtout quand il n’y a aucun chef d’inculpation », s’indigne le collectif Justice pour Sitty. Sitty Thouraya Daoud, métisse malgache, originaire de Mdé-Sahani, aurait-elle la malchance d’être « mal née », faisant d'elle « le bouc émissaire parfait » ? C'est en tout cas ce que pense le collectif qui exige que justice soit faite.
« Trois personnes ont été identifiées comme ayant pu avoir accès au coffre-fort de la caisse de retraite. Il s’agit de la directrice et épouse d’un haut dignitaire, de la cheffe comptable et de l’assistante comptable. Cependant, seule l’assistante comptable, Sitty Thouraya se trouve en prison », regrette Antoissi, porte-parole du collectif. Comment se fait-il qu’elle soit la seule à avoir la clé du coffre ? Convaincu de l’innocence de sa cliente, Maitre Bahassane veut savoir «où est le double de la clé ».
Thouraya représente-elle un danger ? « Pour qu’une personne soit retenue en prison, il faut qu’il y ait une collusion frauduleuse avec des témoins », explique Maitre Bahassane. Ce dernier dit avoir du mal à comprendre car selon lui, sa cliente ne représente en aucun moment un «danger imminent» (La Gazette des Comores/ Hzk presse n°3139 du 19 avril 2018). Pour le porte-parole du collectif Justice pour Sitty, le « plus ridicule », c’est quand la justice prétend que Sitty « risque de s’enfuir ».
Dans une lettre adressée au chef de l'État, un groupement d’artistes qui soutient la jeune comédienne, on y lit ceci: «Tout prévenu dans le cadre d’une enquête en cours peut bénéficier d’une liberté provisoire sauf en cas de danger de fuite (on est sur une île Sitty ne va pas fuir), d’influence des témoins dans le cours de l’enquête (mais il n’y a pas d’enquête à ce jour et Sitty n’est pas une personne influente au point de faire pression sur des témoins), de danger pour la société (Sitty n’a tué personne). Sitty Thourayat Daoud ne correspond à aucune des trois exceptions mentionnées ci-dessus : elle doit donc être traitée selon les dispositions de la loi comme tous ses concitoyens».
Dans la loi de la jungle, le lion ressort toujours vainqueur. Sitty est la proie de tout un système à en croire ceux qui la soutiennent. Elle est asthmatique et «sa maladie est incompatible avec le milieu d’incarcération ». Selon Antoisse, il y’a quelques semaines, un nouveau magistrat du même village que Madame Charif a été chargé de l’affaire. Où est l'éthique ? Où est la déontologie ? Ce changement subit a suscité beaucoup de questionnements. « Est-il placé là pour asphyxier l’histoire et laisser croupir Sitty au cachot » ? Le collectif d’artistes avait lancé un appel auprès du président de la République en tant que garant de la justice pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire où plusieurs failles ont été pointées. Le collectif, qui avait réclamé une enquête approfondie et sérieuse, a dit préférer « un coupable en liberté qu’une innocente en prison ». « Qu’en ces jours sacrés, justice soit faite et que le coupable paie ».
A.O Yazid
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