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Nioumadzaha Bambao : Un prédicateur chassé du village pour ses opinions religieuses jugées « subversives »

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Nioumadzaha Bambao : Un prédicateur chassé du village pour ses opinions religieuses jugées « subversives » © : HZK-LGDC

Les autorités traditionnelles de la localité de Nioumadzaha Bambao, au sud de Ngazidja, chassent un prédicateur de renom pour ses opinions que leur déplaisent. Une décision mal perçue par l’opinion.


Le surnommé Pilote, victime de son succès ? Originaire de Hantsidzi dans le Hamahamet Mboinkou, Pilote a élu domicile à Nioumadzaha Bambao où il a une femme et un enfant depuis 2014. Devenu le plus jeune prédicateur et le plus écouté du village, le trentenaire n’a cessé de se démarquer au cours de ses sermons en séparant « habitudes » et « obligations » en matière de religion, l’islam notamment.

Mais rapidement « le pilote aguerri » s’attirera les foudres de ses pairs de Nioumadzaha qui se sentent « éclipsés » par ce « fundi » originaire d’un autre village. Toutes les critiques sont utiles pour fragiliser celui dont le succès est incontestable. D’abord au sujet de « qunnût », cette invocation à réciter à un moment précis de la prière [de l’aube]. Selon puiseurs témoignages concordants, Pilote démontre que ce dernier, n’étant pas obligatoire, ne nécessite pas une prosternation de l’oubli (sidjida ya sahawou) si on avait omis de le présenter, par oubli.

« Il veut nous égarer avec ses nouveaux enseignements », « il veut nous faire changer d’habitude comme s’il est le premier prédicateur dans ce village », commentait-on ici et là. Ferme sur ses étriers, Pilote ne se laissera pas abattre aussi facilement jusqu’à la semaine dernière où, au cours d’un sermon à la mosquée, un fidèle lui a posé la question sur la date de célébration de l’Aid El Kabir, que les autorités nationales ont fixé pour samedi. « Quand on est persuadé que ça doit être vendredi, qu’on le fasse mais sans pour autant chercher à provoquer les autres », a-t-il répondu, sans ambages.

A Nioumadzaha comme dans plusieurs autres localités, des fidèles ont célébré l’Aid le vendredi, le lendemain du jour d’Arafa (deuxième journée du pèlerinage à La Mecque et le jour suivant -vendredi, Ndlr- correspond au premier jour de la grande fête islamique de l'Aïd el-Adha, jour du sacrifice). Ses pairs en ont profité pour abattre leur adversaire de longue date « qui a ordonné à une partie de la population de célébrer l’Aid le vendredi », et les autorités traditionnelles sont tombées dans le piège. Pilote est enjoint de quitter Nioumadzaha ou, à défaut, ne plus diriger une prière, ni faire la prêche, ni répondre à aucune question de nature religieuse.

« Que Dieu fasse que les prédicateurs de Nioumadzaha soient dans l’entente. Que Dieu nous éloigne de la dictature et la folie de grandeur », écrira sur son mur Facebook Athoumani Ali Chahidi, un autre prédicateur qui n’est pas sans savoir que Pilote est « victime de son succès ». Originaire de Nioumadzaha, M. Athoumani qui est de ceux qui ont célébré l’Aid le vendredi car il n’en revient pas que le mufti fixe la célébration au troisième jour d’Arafat, veut savoir, non sans ironie, « qui fut le mufti au temps de Sambi et Ikililou où nous célébrions l’Aid le deuxième de Arafat ? »

 

Toufé Maecha

 

 


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