La Gazette

des Comores

Transport Aérien : Une rafale de vent à l’origine du crash de l’avion Go Comores

Transport Aérien : Une rafale de vent à l’origine du crash de l’avion Go Comores © : HZK-LGDC

Le 18 juillet dernier, un avion de type Cessna 404 de la compagnie Go Comores a raté son décollage à l’aéroport de Hahaya et fini par s’écraser au sol avec 12 passagers à bord. L’avion s’est retourné, son nez et une hélice ont pris feu. La rapidité et l’efficacité de l’intervention des pompiers de l’Asecna ont permis d’éviter le pire. Cinq mois plus tard, nous revenons sur les circonstances de cet accident aérien.


Le crash de l’avion Go Comores en juillet 2019 à Hahaya serait causé par une rafale de vent d’environ 30 nœuds qui a durement happé l’aéronef à 150 pieds d’altitude. Les instruments de la tour de contrôle n’ont pas pu détecter cet obstacle pour prévenir à temps les membres d’équipage qui ont décollé avec un vent de 19 nœuds.

 

Une enquête officielle est depuis ouverte pour déterminer les circonstances de cet accident aérien. Cinq mois après, l’équipe chargée de mener cette enquête n’a toujours pas livré les conclusions à l’autorité compétente, le ministère des transports notamment. Ce qui n’a pas empêché La Gazette des Comores de piocher auprès de personnes ressources, pour dénicher quelques éléments de réponse.

 

Ce 18 juillet avant de faire le décollage vers les îles, le capitaine Abdou Ayadi qui fera office de copilote dans le vol, a tenu à récupérer les données météo. Le plan de vol a été déposé depuis Anjouan par le capitaine Mohamed Inzoudine qui, lui, fera office de commandant de bord. Le chargement des bagages est effectué « dans le respect » de la masse et le centrage qui conviennent à l’aéronef. La visite pré-vol effectué, aucun manquement n’est signalé et les passagers appelés à embarquer.

 

A bord, les membres d’équipage les ont assistés à attacher les ceintures de sécurité. Dans la foulée ils leur ont briefé les traditionnelles consignes de sécurité. La porte de l’avion est fermée par le commandant. Son copilote a pris le check-list pour la préparation des démarrage, roulage et décollage. Ils ont ensuite demandé l’autorisation de la tour de contrôle pour le démarrage des moteurs. Les essaies moteur sont effectués avec succès.

 

L’avion s’est aligné sur la piste 20 de l’aéroport pour attendre les toutes dernières données météo avant le décollage. Les services de la tour de contrôle leur ont indiqué un vent de travers qui soufflait d’Est à l’Ouest avec une vitesse de 19 nœuds, soit légèrement supérieur à 35km/h. Dans ces conditions météorologiques, l’avion peut décoller sans danger. Autorisation donnée. Le commandant fait rouler le bimoteur avec une vitesse de décollage de 91 nœuds, soit 168,5km/h.

 

A 9h24, le décollage est effectué. L’avion s’élève progressivement. Arrivé à 100 pieds qui équivalent à 30,48 mètres d’altitude, le commandant a recommandé au copilote de rentrer les trains d’atterrissage. A 150 pieds (45,72m), les membres d’équipage sont confrontés à un imprévu de taille : une rafale venue du Kartahala a violement happé l’aéronef provoquant un trou d’air.

 

 

 

 

L’avion a perdu son équilibre. Impossible pour l’équipage de le stabiliser. Il fait une chute brusque. Sa perte d’altitude qualifiée d’« exponentielle » par un de nos interlocuteurs était avec une grande trainée vers l’Ouest, dans la direction du vent. Le commandant espérait pouvoir effectuer un atterrissage d’urgence qu’il avait ordonné à son copilote de ressortir les trains d’atterrissage. Mais la rafale a eu raison de l’avion, emporté jusqu’au sol en dehors de la piste.

 

L’appareil termine sa course folle à une distance de 200 mètres du point où il a chuté. Durant ce trajet, les hélices fauchaient le sol et projetaient des cailloux sur l’avion. C’est un choc frontal avec un grand rocher qui a fait immobiliser l’aéronef après être retourné comme une crêpe. Le nez (de l’avion) est sérieusement endommagé. La tête à l’envers comme tous les passagers, le commandant a réussi à se détacher la ceinture.

 

Un feu s’était déjà déclaré devant. Le commandant a laissé le copilote bloqué dans le cockpit pour courir secourir les passagers. Le feu se répand très rapidement sur la structure de l’aile droite, le réservoir touché. Les pompiers de l’Asecna qui sont vite intervenu se sont repartis en deux équipes : l’une s’attaque aux flammes avec leurs lances pour en venir à bout tandis que l’autre, le courage à deux mains, exfiltre les passagers. 

 

Pour désincarcérer le copilote du cockpit, les soldats du feu étaient obligés d’intervenir avec une tronçonneuse. L’accident n’a fait que deux blessés dont une femme qui était enceinte. L’avion « ne volera jamais » selon un technicien de l’aviation civile qui nous confie également que l’enquête officielle est « au point mort ». Comme tant d’autres enquêtes, d’ailleurs.

 

TM

 


Les contenus publiés dans ce site sont la propriété exclusive de LGDC/HZK Presse, merci de ne pas copier et publier nos contenus sans une autorisation préalable.