La Gazette

des Comores

Des avocats contre les intégrations « irrégulières » au barreau de Moroni

Des avocats contre les intégrations « irrégulières » au barreau de Moroni © : HZK-LGDC

Vent debout contre les admissions au barreau de Moroni de certaines personnes « ne répondant pas aux critères imposés par la loi », des avocats ont effectué ce lundi 9 mars une marche pacifique du Palais de justice de Moroni au ministère de la Justice pour déposer un manifeste. Le but, prendre à témoin le ministère de tutelle sur la conduite du conseil de l’ordre au cours de ces dernières années, jugée « dégradante » quant à l’image de la profession.


Une quinzaine d’avocats du barreau de Moroni ont battu le pavé, hier, contre l’admission de certaines personnes dans leur profession en « violation flagrante » de la loi. Pour ces derniers, cela constitue une « offense » et un « affront » à l’égard de tous les avocats. Et pire encore, « brise la confiance » entre le public et eux, hommes de toge. Conscients de toutes les conséquences, ces défenseurs des droits ont diligemment rédigé un manifeste dans le but d’éveiller la conscience du ministère de la justice sur ces pratiques qu’ils imputent au conseil de l’ordre des avocats.

 

« Ce ministère a le rôle de veiller sur le fil des activités liées à la magistrature. Donc, il était nécessaire que le ministre de la justice ait connaissance de cette histoire. D’où l’initiative de lui remettre ce manifeste », a expliqué Maitre Fahardine Mohamed. Dans leur manifeste, il est démontré qu’il est du « devoir de tous les citoyens et de toutes les institutions nationales plus particulièrement celles qui concourent à la bonne administration de la justice, de veiller à l’application stricte de la règle de droit. »

 

De son côté, Me Fahami Saïd Ibrahim montre qu’il ne s’agit guère d’un geste de mécontentement quant aux intégrations des autres individus dans le barreau mais « les conditions d’accès aux barreaux de l’Union des Comores sont strictement règlementées par la loi relative à l’organisation de la profession d’avocat dans le pays et qu’une institution n’a pas le droit de se placer au-dessus de la loi en accordant des dérogations, non prévues légalement, aux règles posées par les textes applicables en la matière ».

 

C’est ainsi que les avocats signataires du manifeste sont vent debout contre les décisions prises ces dernières années par le Conseil d’ordre des avocats car d’après eux « elles salissent l’image de la profession, portent un coup sévère à la réputation et l’image de la justice comorienne ». Pour cela, les 14 avocats signataires du manifeste font appel aux autorités publiques et au Barreau d’organiser l’examen annuel prévu par les dispositions transitoires de la loi portant organisation de la profession d’avocat, au lieu de faire des admissions « irrégulières » de certaines personnes dans le métier.

 

Kamal Gamal 

 

 

Brève :

Deux avocats suspendus provisoirement

 

Le barreau de Moroni a suspendu jusqu’à nouvel ordre les avocats Kaambi Mze Soilihi et Gérard Youssouf après des polémiques sur une histoire d’agression sexuelle pour l’un, et cumul de fonctions pour l’autre. Ils ont tous les deux prêté serment il y a moins d’un mois et les voilà suspendus. Kaambi Mze a affirmé sur Al-watwan la semaine dernière avoir effectivement eu en France « des accusations au sujet de relations que j’ai eues avec une personne tierce majeure » (affaire close depuis 2013 d’après le mis en cause). Un aveu après des révélations fracassantes du site Comores Infos, un peu Mediapart et l’ancien président de l’assemblée nationale française François de Rugy. Quant à Gérard Youssouf, il a intégré le Barreau sans avoir pris le soin de démissionner de son poste de magistrat au sein du tribunal de Moroni. Poste pour lequel il continuerait à percevoir son salaire d’après d’autres révélations du blog Fcbk FM.

 


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