La Gazette

des Comores

Avoir du pétrole et du riz à Anjouan, un véritable parcours du combattant

Avoir du pétrole et du riz à Anjouan, un véritable parcours du combattant © : HZK-LGDC

A Mutsamudu, tous les magasins n'ont pas du riz. Pour avoir du pétrole lampant, le citoyen lambda doit se battre pour le jerricane de 5 litres. N’en parlons plus au-delà. Les deux sociétés d’État de riz et d’hydrocarbures soutiennent pourtant qu’il n’y a pas de pénurie.


Depuis ces derniers jours, avoir du pétrole à Anjouan devient quasi impossible. Les files d’attente s’allongent dans les stations-service. Des fois, on se réveille à 4h du matin dans l’espoir d’avoir 10 litres. En vain. Du côté des la direction régionale des Hydrocarbures à Anjouan, le mot pénurie n’est pas la bienvenue. Mohamed Elhad, chef de dépôt aux hydrocarbures d’Anjouan botte en touche les « ragots » liés à une histoire de pénurie.

 

« Nous travaillons selon notre habitude. Chaque jour, on livre une quantité de 45 000 litres de pétrole. Depuis plusieurs mois, c'est la quantité qu’on livre au quotidien », avance-t-il. Même histoire pour le riz. Depuis la semaine dernière, le riz est porté disparu. Joint au téléphone, le directeur régional de l’office d’importation rassure qu’il y’a une quantité « suffisante » pour subvenir aux besoins de la population. « Ces histoires de pénuries ne tiennent pas débout. Le temps de la solidarité a sonné et aujourd’hui, on voit des commerçants qui sont en train de jouer avec la population. Ce n'est pas du tout responsable », regrette-t-il comme pour évoquer une pénurie artificielle.


Dans tous les cas, il est à indiquer que l’Anjouanais ne va pas hésiter à exploiter une crise pour faire fortune. La preuve, un paquet de cigarette jadis vendu à 650 fc s’arrache aujourd’hui à 3000 fc, voire plus. Constat amer que partage Fahar Moussa, qui appelle les autorités à prendre leurs responsabilités. « La situation doit être surveillée de près. On doit passer à la force pour faire respecter les consignes puisque le Comorien est cet éternel insensible même devant la mort », poursuit-il.

 

Ces flambées de prix sont manifestement dues à la crise sanitaire mondiale de coronavirus. Alors que dans les Comores indépendantes aucun cas n’est encore officiellement signalé, la psychose l’emporte. Soit en passant, à Anjouan on compte à ce jour 23 personnes placées en quarantaine à Trenani, le bâtiment de l'école nationale de police. Ces personnes sont pour la plupart arrivés de Mayotte, île comorienne sous administration française, où le coronavirus est en train de sévir, poussant certains habitants à fuir. 


Nabil Jaffar

 


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