L’accident vasculaire cérébral (AVC) consiste en une perte soudaine et rapide d’une ou de plusieurs fonction(s) cérébrale(s), dûe à un problème de circulation du sang au niveau du cerveau. Cet accident, explique le Dr Asuffoudine peut être provoqué par la présence d’un caillot ou d’une hyperalgie. Interrogé par La Gazette des Comores/HZK, ce médecin installé à Mutsamudu pointe du doigt la globalisation et l’urbanisation aux Comores comme facteur de risque.
Question : Ces derniers temps on a constaté que l’AVC attaque pas mal des jeunes. Pourquoi ?
Anssufoudine Mohamed : Premièrement, l’AVC a deux sœurs jumelles qui sont la crise cardiaque et l’insuffisance rénale. Mais puisque les crises cardiaques ne sont pas apparentes, on remarque que la paralysie se remarque visuellement. Cette maladie a trois facteurs de risques. Le grand facteur est lié directement au mode de vie. Les comoriens mangent comme les pays occidentaux, on boit du soda, on mange des pizza... 75% de la tranche d'âge des 25-65 ans ne font presque pas de mouvement physique dans leur quotidien selon une enquête faite en 2010. Ils passent tout le quotidien entre bureau et moyen de déplacement motorisé et devant l'écran (ordinateur, téléphone et télévision). Actuellement on remarque que même pour aller à la campagne, on se déplace en moto ou bien en voiture. Avant, on vivait à l’état naturelle. Aujourd’hui quand on se rend dans les régions les plus reculées du pays, on trouve qu’on mange «Mabawa» et on ne boit que des boissons importées. Une deuxième étape est l’obésité, et cette dernière est provoquée par le changement de mode de vie. Et la phase finale est le diabète et la tension provoquée. Donc cette maladie peut se préparer dans 5, 10 à 15 ans. On a constaté que la maladie se rajeunit, car depuis l’enfance beaucoup changent le mode de vie des enfants.
Question : Quelles sont les zones les plus menacées?
A.M. L’AVC frappe fort ces derniers temps dans les pays pauvres et les petits pays insulaires. En effet, cette maladie prend l’ascenseur aux Comores. Quand on se focalise sur l’enquête faite en 2010 dans les trois iles, on trouve que juste 5% de la tranche d’âge 25-65 ans qui n’est pas exposée aux facteurs à risque. Et un constat mondial prouve que les petits pays insulaires sont trop menacés par cette maladie. L’AVC est favorisé par l’obésité qui vient par le changement brusque de mode de vie et le manque de mouvements physiques chez certains. Sachant que cette maladie menaçait les pays développés avant. Heureusement qu'on commence à en prendre conscience.
Question : On constate des personnes maigres qui sont frappés par l’AVC. Comment expliquez-vous cela?
A.M. : Il y a certes des personnes grosses, mais leur taux de cholestérol est normal. En revanche, on peut être maigre et avoir de la tension artérielle et aussi du cholestérol. Surtout que chez les maigres, certains peuvent se faire par l’héritage d’où un facteur à risque.
Question : Quelle est la plus grande inquiétude de cette maladie aux Comores ?
A.M. : L’enquête faite en 2010 aux Comores donne des résultats inquiétants. Sur la tranche d’âge de 25-65 de la population, on constate que 7,5 sur 10 comoriens passent leur quotidien sans faire aucun effort physique. Ensuite, l’hypertension représente sur 10 comoriens 2 ,5 personnes, 4 comoriens sur 10 sont obèses, 2,5 ont du cholestérol et enfin, 1,4 comorien sur 10 fument. Donc, ces chiffres confirment que seul 0,5 personne de la population est épargnée des facteurs à risque de l’AVC d’où 5% de la population. Et pour éviter, il suffit de ne pas fumer, à éviter les excès d’alcool, trouver des moyens d’intégrer des activités physiques dans le quotidien, maintenir un poids de santé, faire de bons choix alimentaires…
Question : Et le stresse ?
A.M. : Le stresse, on ne peut pas mesurer comme le diabète, la tension et/ou le cholestérol. Donc on ne parle pas trop de ça. Il y a une étude qui montre que le personnel navigant des avions sont beaucoup plus attaqué par l’AVC que d’autres cas de stress.
Question : Quels sont les premiers symptômes de l’AVC ?
A.M. : Perte soudaine d’équilibre. Par exemple on veut brosser les dents et on n’arrive pas à tenir la brosse. Vertiges ; instabilité en marchant ; difficultés à coordonner ses mouvements… mais sachant que préparer cette maladie cela prend du temps, mais cela vient en une fraction de seconde. Si on arrive à l’hôpital trois heures après, on a la chance de sauver, même 10heures après. Et puisqu’on a le scanner à Anjouan, ça facile la récupération du malade. Principalement elle est causée par la formation d’un caillot de sang ou thrombose qui bouche une petite artère du cerveau. Il peut aussi se manifester par une hémorragie.
Question : Y’a-t-il un traitement ?
A.M. : Si l’AVC est ischémique, on donne d’anticoagulant ou Tpa (activateur de plasmagène tissulaire). Les médecins vont prescrire le TPA afin de dissoudre les caillots sanguins et réhabiliter la circulation du sang et l’apport de l’oxygène au cerveau. Le conseil à donner aux familles une fois constaté les symptômes, il faut vite transporter la victime à l’hôpital (dans les 3 premières heures). Maintenant si l’AVC provoque un Coma, le malade va garder de séquelles ; par exemple avoir un handicap pour marcher, mais on le récupère. Si on traine à la maison, on risque trop gros. Pour les hémorragiques, je rappelle que sur 100% des attaques seuls 5 à 10% qui sont hémorragiques. Mais la solution est de se rendre rapidement à l’hôpital. Dans le cas, on cherche à baisser la tension de malade, donner un apport d’oxygène au malade. Dans les pays développés on peut même faire une intervention chirurgicale au cerveau. J’insiste que la meilleure et première solution pour sauver un malade est de le ramener rapidement à l’hôpital. Retenons juste qu’une prise en charge précoce après un AVC limite la gravité des séquelles.
Propos recueillis par NJ
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