La Gazette

des Comores

Mouigni Baraka : « Cette situation ne peut perdurer au-delà du 26 mai 2021 »

Mouigni Baraka : « Cette situation ne peut perdurer au-delà du 26 mai 2021 » © : HZK-LGDC

Trois mois après être revenu de sa cavale, le président du Conseil national de transition Mouigni Baraka Said Soilih fait sa première déclaration publique à l’occasion du nouvel an. Il assure que le combat pour le retour à un Etat de droit bénéficie du « soutien sans faille des pays amis et partenaires bi et multilatéraux ».


Longtemps resté dans le silence, l’ancien gouverneur de l’île de Ngazidja, Mouigni Baraka Saïd Soilihi refait surface. Dans son adresse à la Nation le soir du 31 décembre via la chaine Fcbk FM, juste après celle du chef de l’État Azali Assoumani diffusée à l’ORTC, il désapprouve encore une fois le pouvoir « dictatorial » du colonel Azali. Selon ses termes, l’année 2020 était une année atypique, qui a engendré des morts et qui laisse derrière-elle des lourds souvenirs que ce soit sur le plan sanitaire, sécuritaire ou sur le plan économique.

 

« La pauvreté a augmenté, le chômage des jeunes a atteint un niveau vertigineux, le dépôt de bilan des entreprises est plus qu’inquiétant, les sociétés d’Etat sont en faillite, la pression fiscale est désastreuse, le taux de croissance est sous la barre de 0%, le manque d’eau et d’électricité fragilisent toute l’économie et j’en passe », énumère-t-il. Pour cette figure de l’opposition, Azali et son équipe ont fait de l’éducation nationale le cadet de leurs soucis.

 

« Ce régime a fait le choix d’encourager la prolifération des écoles privées au détriment du système éducatif public. Ce qui fait qu’au niveau du primaire, l’on observe un effectif maquant de 45% et près de 700 enseignants restent toujours en attente d’être réaffectés pour cause de la Covid-19 », devait-il montrer, avant de poursuivre, sous un autre sujet social que « la Covid-19 ne doit pas servir d’alibi et de prétexte pour enlever ou limiter les libertés des citoyens ni pour opprimer ni pour se séparer des fonctionnaires indésirables qui n’approuvent pas la politique dangereuse incarnée par le Colonel Azali Assoumani ».

 

L’ancien chef de l’exécutif de l’île de Ngazidja s’est exprimé aussi sur la gestion de la Covid-19, qui pour lui reste une catastrophe. « D’une part on oblige la population à respecter les mesures barrières sous peine d’amende sans loi ni cadre législatif légal, et d’autre part le régime continue à en passer outre en multipliant ses déplacements et rassemblements qui n’ont aucun caractère obligatoire ni urgent. Pire encore, les mesures barrières viennent d’être précipitamment levées de manière irresponsable et populiste sans s’assurer qu’il y ait un net recul de la pandémie sur l’ensemble du territoire national, notamment sur l’île de Mohéli où un nouveau virus du coronavirus (Sic) a fait son apparition. Et comme si cela ne suffisait pas pour montrer son incapacité à gérer la pandémie, le Colonel Azali Assoumani a annoncé une batterie de mesures restrictives et spécifiques sur l’île de Mohéli contre ce nouveau virus, tout en maintenant paradoxalement la levée des mesures sur les autres îles… ».

 

Face à un peuple opprimé, aux arrestations des hommes politiques et des journalistes, à l’injustice, l’incarcération des enfants dans des situations précaires à la Maison d’arret de Moroni, le président de la CNT rassure le peuple comorien et tous ses alliés politiques et civils que « le combat pour le retour à un Etat de droit aux Comores bénéficie du soutien sans faille des pays amis et partenaires bi et multilatéraux ». « Cette situation ne peut perdurer au-delà du 26 mai 2021, date à laquelle la Constitution adoptée régulièrement en 2001 et révisée en 2009 exige le départ du Colonel Azali Assoumani et son équipe afin de restaurer l’Etat de droit qu’il a démoli depuis son arrivée au pouvoir en 2016 et permettre ainsi une reprise des principes des accords issus de la table ronde de Fomboni, signé le 17 février 2001.  Je rappelle que lesdits accords ont eu le mérite d’assurer une stabilité politique dans les 15 dernières années jusqu’en 2016, en assurant une alternance politique apaisée mais nous sommes unanimement d’accord que des retouches s’imposent à la constitution qui en est issue, ne serait-ce pour supprimer son caractère budgétivore et hyper-présidentialiste », devait prévenir cet « opposant » dont la crédibilité est sérieusement remise en question depuis qu’il a négocié avec le chef de l’État, selon plusieurs sources, la fin de sa cavale au mois de septembre dernier.

 

Andjouza Abouheir

 


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