La Gazette

des Comores

Ali Mliva Youssouf: « Les propos d’Anissi Chamsidine sont regrettables »

Ali Mliva Youssouf: « Les propos d’Anissi Chamsidine sont regrettables » © : HZK-LGDC

Secrétaire général de l’Alliance pour la Mouvance présidentielle, Ali Mliva et devenu depuis peu le conseiller politique du Chef de l’Etat. Dans cet entretien avec La Gazette des Comores, on aborde de sujets tels la remise en cause de la Constitution de 2018 par le gouverneur d’Anjouan, la liberté de la presse, la crise énergétique…


Question : La loi de finances 2021 vient d’être adoptée par l’Assemblée Nationale. Comment la trouvez-vous ?

 

Ali Mliva Youssouf : Pour être sincère, je n’ai pas beaucoup d’éléments sur la loi des finances 2021 si ce n’est que je constate que cette loi des finances est de l’ordre de 100 milliards, si je ne me trompe pas. Toutefois, je fais confiance au ministre des finances qui est l’auteur de cette loi, les parlementaires qui ont eu à travailler sur elle et à toute l’équipe qui était autour pour sa faisabilité. Ce qu’il faut retenir dans un cas pareil, c’est que la loi naturellement entoure plusieurs facteurs. Des facteurs d’ordre économique, social et aussi éducatif. Tout ceci concourt au bien-être de la population comorienne dans son ensemble. C’est le socle même d’une loi de finances. C’est de répondre aux aspirations du peuple. Je finis par dire que moi en tant que politique et chef de la majorité présidentielle, nous allons soutenir cette loi des finances.

 

Question : Le gouverneur d’Anjouan a publiquement remis en cause la Constitution de 2018 en affirmant que le pays n’a pas encore trouvé la Constitution qui le sied le mieux.

 

AMY : Personnellement, je trouve regrettables les propos d’Anissi Chamsidine lequel j’ai beaucoup soutenu dans son élection non seulement pour qu’il accède à ses fonctions de gouverneur de l’île d’Anjouan mais il est de ceux qui ont cru à la nouvelle conjoncture constitutionnelle de 2018. Nous qui sommes investis dès la première heure auprès du président Azali devons faire comprendre à la population comorienne que la Constitution de 2018 est la meilleure de toutes. Revenir après pour dire que le pays n’a jamais eu la Constitution qu’il fallait à tout point de vue, me semble quelque chose non cohérent. Au demeurant, j’aurais compris qu’il dise que la Constitution de 2018 occasionne quelques imperfections par rapport à la pratique constitutionnelle. Peut-être on l’aurait compris mais dire d’emblée que le pays n’a jamais eu la Constitution qu’il faut et pourtant ayant pris part à la démarche constitutionnelle voire même soutenu cette Constitution, et appeler la population comorienne à voter et dire le contraire après, je trouve qu’il y a manque de cohérence.

 

Question : Le gouvernement peut-il continuer à compter sur Anissi Chamsidine pour essayer de maîtriser la situation en 2021, année aux multiples enjeux surtout à Anjouan ?

 

AMY : Ça, c’est l’aspect politique de la chose et qui découle naturellement de ce qu’il venait de dire sur le plan constitutionnel. Dire que la majorité présidentielle peut compter sur lui en 2021, je vous rappelle qu’il n’y pas de situation en 2021. Depuis 2018, le pays a engagé des réformes constitutionnelles qui ont débouché à l’organisation des élections présidentielles et des gouverneurs et que Azali a été élu Président de la République. Ceux qui veulent entretenir la question de 2021, je pense que c’est pour tromper la population comorienne mais en revanche, il n’y aura pas de 2021 et ces gens-là le savent. Mais ils sont entrain de vouloir s’éterniser sur 2021 pour je ne sais quelle autre chose mais nous estimons, du moins en ce qui nous concerne, l’AMP et tous ceux qui sont derrière le président Azali, nous estimons que la question de 2021 est réglée par la Constitution de 2018. Maintenant nous nous consacrons à l’édification du pays, le développement des infrastructures, aux réglages des problèmes énergétiques auxquels nous assistions actuellement, se pencher sur les problèmes éducatifs et voire même les problèmes liés à la presse comme vous le revendiquez souvent. Mais parler de 2021 comme si c’était un évènement, nous n’en sommes pas là et nous avons déjà dépassé cette configuration politico-constitutionnelle.

  

Question : Le pays est plongé dans une crise énergétique majeure. Pensez-vous qu’il suffit de changer des hommes pour faire changer les choses ? Que préconisez-vous pour vaincre ces délestages ?

 

AMY : Je ne pense pas qu’il s’agit d’un problème de personnes, au-delà de tout. Parce que la personne elle-même peut constituer une problématique et ça arrive dans un contexte donné mais je pense qu’il faut voir le problème dans un périmètre plus élargi. Sonelec est confrontée depuis plusieurs années à un problème de management. N’étant pas moi-même spécialiste mais observateur et analyste de la situation énergétique, je constate que malheureusement, au-delà de tous les moyens consacrés, la Sonelec n’arrive pas à atteindre sa vitesse de croisière sur son plan de fourniture en termes d’énergie. Ce qui est dommage. Et c’est ce qui dénote que bien au-delà de la personne, il y a en amont un problème de management. Si ce problème a été résolu, il aurait pu pousser la société dans une vitesse de stabilité, ce qui n’en est pas le cas aujourd’hui. Des personnalités ayant eu à travailler sur ce secteur croient que le problème ne relève pas d’une concoction de plan ou de projet.

Il est beaucoup plus de rationalité, de management sur le plan opérationnel sur tous les niveaux. Il faut que le directeur de la société soit porteur d’un projet, de ce qu’il veut faire, le repartir en trois phases importantes que sont le management, la production et la commercialisation. Je pense que ces trois éléments peuvent constituer le bon fonctionnement de la Sonelec et j’espère que le nouveau Directeur saura relever ce défi majeur. Aucun investisseur ne viendra si nous ne trouvons pas une solution au plus vite sur cette situation. Et sachez que cette situation préoccupe au plus haut des rangs et ensemble on réfléchit pour trouver une solution adéquate.      

 

Question : La liberté d’expression demeure le cadet des soucis des autorités. Vous qui êtes proche du monde de la presse, que dites-vous de ces arrestations de tous les quatre matins ?

 

AMY : Le président s’est beaucoup prononcé sur la liberté d’expression et il a démontré à plusieurs reprises qu’un pays a besoin d’une presse libre. Maintenant il faut différencier ceux qui font de la liberté d’expression un métier et ceux qui se cachent derrière pour en faire une forme de déstabilisation. Il faut différencier le journaliste qui travaille, qui a la déontologie journalistique, professionnelle, qui appréhende la presse comme étant une profession à l’activiste qui est à la fois journaliste et déstabilisateur du système. On veut bien que le métier soit exercé mais il ne faut pas confondre le journalisme proprement dit et la vision politique de qui aime et qui n’aime pas le pouvoir en place. Il faut aussi savoir que si un journaliste est convoqué à la gendarmerie ou à la police ce n’est pas une première mondiale. Il ne faut pas prendre les choses à cette proportion là qu’à chaque fois qu’un journaliste est convoqué vous criez la fin du monde. Avec les états généraux de la presse qui doivent intervenir d’un moment à l’autre, je pense qu’on aura beaucoup de réponses face au métier du journalisme. Je crois que si à ce jour ils n’ont pas été organisés, ce n’est pas seulement à cause de la Covid-19 mais du fait que le nouveau code n’a pas encore été voté au parlement. Mais je vous assure que le Président et son cabinet de communication tiennent vraiment à l’organisation de ces états généraux. 

 

 

Question : Omar Mouhsine vient d’annoncer l’arrêt de ses activités. Ce n’est pas un bon signe…

 

AMY : J’ai été alerté quelque part de ses difficultés qu’il a eu à partager avec moi à un moment donné mais je n’ai jamais pensé qu’il allait prendre cette décision d’arrêter ses activités. Je n’ai pas pu m’entretenir avec lui après la décision. Sur le plan d’investissement proprement dit, cela a un cout en termes de croissance, en termes d’investissement, en termes de pouvoir d’achat et bien encore. L’existence d’une entreprise sur le plan économique et social occupe une réalité incontournable de croissance économique. Et ça, ce n’est pas une situation propre aux Comores mais dans le monde entier. La cessation d’activités d’une société de la dimension de la ferme d’Omar Mouhsine va impacter sur le plan social, économique et de croissance. J’ai lu qu’il n’a jamais approché le ministère de l’économie pour exposer ses problèmes et essayer ensemble de chercher les solutions appropriées. Cette fermeture n’envoie pas un bon signal aux investisseurs. 

 

Question : Pour lutter contre le chômage, est-ce que l’Etat a échoué dans sa politique de création d’emploi ?

 

AMY : J’ai suivi l’interview du ministre des Finances où il dit que le gouvernement n’a pas une machine à pondre des emplois. Ce qui est vrai et cela dans le monde entier. La création d’emploi est une vision que le chef de l’Etat place au centre de ses préoccupations. Il s’investit dans cela. Dire que c’est un échec, non je ne le dirais pas comme ça parce que nous ne sommes pas restés les bras croisés sans chercher de solution et les moyens pour parvenir à résoudre cette question. Je ne peux pas dire non plus que nous avons réussi mais nous y travaillons d’arrache-pied pour résoudre ce problème et nous sommes dans la bonne voie, je peux le dire.

 

Propos recueillis par A.O Yazid

 


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