La Gazette

des Comores

Habari za udunga Toi-même tu sais ! « Wewe wawe ngodjuwo ! »

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Habari za udunga Toi-même tu sais ! « Wewe wawe ngodjuwo ! » © : HZK-LGDC

Cette boutade, qui est le titre d’une émission des Africains de France et que l’on entend souvent dans la bouche de Claudy Siar, un célèbre animateur de Radio France International (Rfi), peut être appliquée à chacun de nous dans les îles de la lune.


En effet, chacun de nous a son idée, enfouie au fond de son subconscient, sur ce que doivent être les Comores de demain. Mais comme toujours, chacun s’enferme dans son cocon et fait semblant de croire que le monde dans lequel nous vivons sous les cocotiers, pourra se développer s’il reste sur le bord du chemin, dans l’attente d’un deus ex-machina.

Si chez nous, le microcosme politique porte une grande et lourde responsabilité dans l’état dans lequel nous nous trouvons, il nous incombe cependant d’essayer d’analyser pourquoi, malgré les grands discours et les effets d’annonce, nous semblons faire du surplace, pour ne pas dire que nous reculons sur le plan global. S’il est vrai que chaque régime qui passe apporte un plus dans un certain nombre de domaines, il apparait incontestable que cela n’a jamais été suffisant pour que le pays puisse prendre son envol.

C’est ainsi que dans une certaine mesure, il nous parait important d’avancer quelques pistes de discussion en cette période de campagne, même si ceux qui essaient d’apporter une contribution au niveau des débats d’idées se retrouvent marginalisés. Prenons quelques cas qui méritent notre attention.

L’exemple de la fonction publique dont les multiples réformes qu’on a essayé de lui appliquer sont restées lettre morte. A chaque jour qui passe, on ressort un organigramme qui se révèle être un cautère sur une jambe de bois que l’on jette aux orties. Ne parlons pas de la gestion des sociétés d’Etat qui ont toujours échappé à tout contrôle sérieux. Les privatisations prônées par les institutions internationales sont contournées et font le bonheur d’une caste qui, sous des arguments de souveraineté empêche les privatisations annoncées.

Un autre aspect est que le pays ne dispose pas d’un véritable programme de développement à long terme, même si certains ressortiront le fameux document de stratégie de croissance et de réduction de la pauvreté (Dscrp) pour clore le débat. Or, nous savons tous pertinemment que ce document ressemble tout simplement plus à un gris-gris que l’on porte au cou pour éviter les foudres des bailleurs de fonds qu’à autre chose. Le pays fonctionne sur la base de projets que de programmes, un indice qui en dit long sur les grands axes de nos politiques.

Un autre point, toujours à propos de la fonction publique. Dans tous les pays du monde, cette institution a pour mission principale de mettre en application les orientations du gouvernement. Mais quand elle ne dispose pas d’une orientation claire, ainsi que des outils performants pour cela, il lui est difficile d’être efficiente, pour parler un langage onusien. De plus, cette fonction publique est parasitée par le clientélisme et le népotisme, sans parler de la guéguerre de chefs à l’intérieur des différents départements. Il convient de préciser que les missions de ces départements ne sont pas clairement définies.

Sur un autre registre, il y a aussi le rôle du secteur privé dans notre pays. Celui-ci, malgré un effort pour conceptualiser son rôle et définir quelques axes stratégiques, reste en marge des grandes orientations du pays. A ce titre, on peut dire que notre secteur privé se caractérise par une certaine frilosité et freine toujours des deux fers, quand il s’agit de s’ouvrir vers des partenaires extérieurs. Notre secteur privé doit enlever les oripeaux qui l’empêchent d’avoir une vision à long terme, mais aussi faire preuve « d’agressivité » pour imposer une vision du développement entrepreneurial au monde politique. Le secteur privé est pour l’heure, dominé par le commerce et ne possède pas encore de capitaines d’industries.

Le dernier point est l’esprit de clocher, de minaret si on veut, qui nous caractérise. Nos compatriotes font partie des habitants de l’Océan Indien qui suivent régulièrement l’actualité internationale et se font un plaisir d’en discuter à la moindre occasion, mais paradoxalement, loin d’avoir l’esprit ouvert, ils sont toujours enclin à réveiller les vieux démons de la division inter-îles, inter-villages, inter-quartiers et passer leur temps dans des conflits qui n’ont pas de raison d’être. Ils sont aussi d’une naïveté déconcertante pour croire le premier venu qui, leur promet monts et merveilles et, cela sans aucune garantie. La vision à long terme se réduit à demain, demain qui sera peut-être trop tard, comme chantait le poète.

Mais tout cela, « toi-même tu sais », je ne faisais que rappeler quelques vérités, car on dit que l’oubli est le propre de l’homme.

 

Mmagaza

 

 

Paru le en Novembre 2010

 


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