La Gazette

des Comores

Adieu Said ALI KEMAL

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Adieu Said ALI KEMAL © : HZK-LGDC

Said ALI KEMAL est décédé ce dimanche 13 septembre 2020 à Moroni. Il nous laisse égarés appauvris de ce sel si particulier qu’il apportait à nos mornes existences. Il redonnait l’espoir à notre vie, à notre pays, parce qu’il incarnait l’idée de patriotisme, de bonheur et d’amour de la patrie « HOUBOU AL-WATWAN MINA L’IMANE » disait-il sans arrêt.


Mais, le prince Said ALI KEMAL n’était pas seulement qu’un patriotisme. En l’enfermant   dans cette image légendaire, on risque de commettre une grave erreur d’optique : c’était surtout et avant tout un journaliste, un écrivain. Il a exercé pendant plusieurs années à l’ORTF (office de la Radio et de la Télévision Française) à l’époque coloniale, comme son cousin Hassane Jaffar (fils de Said Mohamed Jaffar), avant d’être nommé, Ambassadeur de la République des Comores, auprès de la République française en 1979.

Pendant le peu de temps qu’il était le premier Ambassadeur des Comores indépendantes à Paris, il avait osé demander officiellement le départ des Mercenaires français dont BOB DENARD fut leur chef.

Malheureusement sa demande n’a pas eu gain de cause et il a aussitôt après remis sa lettre de démission au Président Ahmed ABDALLAH ABDEREMANE (paix à son âme). Prince  Said ALI KEMAL, connu par son attachement à la patrie, ne pouvait vivre que pour elle, par elle.

Pour lui, vivre la vie de la cité, la vie politique, c’était d’abord et avant tout l’honnêteté, l’intégralité totale à une valeur républicaine ; contre la corruption et le détournement des deniers publics.

Said ALI KEMAL ne laisserait pas le sentiment d’un si grand vide si, par la personne et par son engagement, il n’avait contribué à colmater les brèches d’une société à bien des égards en perdition. Il incarnait un merveilleux contrepoison à la médiocrité et à la vulgarité. Tout ce que notre pays réunissait d’élégance, sauvegardait en lui. On l’aimait parce qu’il représentait toutes les qualités qui ont constitué un leader politique exceptionnel qui a su allier la morale en politique, la tolérance et la légèreté amusante l’humour aussi à certains égards (SHUMA).

Il avait aussi réussi cette gageure de réunir dans sa personne les anciens parfums fanés de l’aristocratie et la méritocratie républicaine. Aussi, aujourd’hui, avec la disparition de Said ALI KEMAL, chaque Comorien doit avoir le sentiment douloureux de perdre un ami, un patriote, un leader et partage, comme nous la partageons, la peine de sa famille élargie, de ses enfants, de son épouse, qui lui ont donné tant de joies.

La formule qu’emploie Shakespeare pour définir l’amour est la suivante : l’éternité plus un jour. Personne n’a éprouvé comme Said ALI KEMAL, une curiosité plus avide sur l’homme, son origine, son avenir, tout en ayant une aussi grande conscience de l’impermanence des choses et du caractère éphémère de la vie.

Ce dimanche 13 septembre 2020 à Moroni, comme à Iconi (sa dernière demeure), le jour lumineux, radieux, ensoleillé, nous étions nombreux à prier pour Said ALI KEMAL pour que la terre lui soit légère, pour que le bon Dieu lui accorde, paix et miséricorde. Comme il nous manquera.

Professeur Djaffar MMADI, Université des Comores, Ancien Ministre

 


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