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Conférence débat : De l’esclavage et de l’influence Makua aux Comores

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Conférence débat :  De l’esclavage et de l’influence Makua aux Comores © : HZK-LGDC

Le mercredi 30 août dernier s’est tenue à l’Alliance Française de Moroni, une conférence portant sur l’esclavage et l’influence Makua aux Comores. Cette conférence a été animée par Dr Ibouroi Ali Tabibou, Maitre de Conférences à l’Université des Comores et Directeur du Service universitaire de la Formation permanente, en partenariat avec France Alumni Comores.


Cette conférence entre dans le cadre de la publication de ses 2 ouvrages, tirés de sa thèse de doctorat soutenu en juin 2014 à l’Université de La Réunion sous la direction de feu Sudel Fuma. Autour du Dr Ibouroi Ali Tabibou, il y avait un panel d’experts en anthropologie et en histoire comprenant l’ancien président Damir Ben Ali, Dr Aboubacar Boina et Ali Mohamed Gou, tous les deux Maitres de conférence à l’Université des Comores avec comme maître de cérémonie, Dr Ouledi Ahmed.

Passé tabou pour les Comoriens, le Dr Ibouroi Ali Tabibou s’est attaché à reconstituer le fil conducteur de cette réalité Comorienne souvent occultée par beaucoup et ce, à travers des faits et arguments indiscutables. Issus d’un brassage multiple de populations venues d’Afrique, d’Indonésie, de Perse, d’Arabie et des pays avoisinants, les Comoriens ont la propension à faire valoir la seule ascendance arabo-persane et à taire leur filiation bantoue, souvent volontairement refoulée voire refusée par beaucoup.

Pourtant, les traces de l’esclavage sont toujours visibles, autant qu’ailleurs. Le pays a conservé les stigmates du passé. Les vestiges sont toujours présents et peuvent s’observer à travers des humiliations et par des discriminations diverses.

Plus d'un siècle après l'abolition de l'esclavage, le pays n’a pas encore fait son introspection et les discriminations discrètes entre ceux qui se considèrent bien nés et ceux considérés serviles sont très présents mais cachés, subtils et jamais avoués. Même si beaucoup refusent à reconnaître cette réalité. L’empreinte de l’esclavage est relativement forte dans la vie sociale mais elle se murmure généralement.

Les personnes prétendument descendant d’esclaves sont appelés wa-makua, washendzi et wa shambara. Le Dr Ibouroi a expliqué que la présence de l’élément bantou pour les Comores s’explique par le fait que ce sont des Africains qui formeraient le substratum humain. Il a surtout souligné que si aujourd’hui les caractéristiques de la société comorienne sont connues, l’histoire de l’esclavage reste encore à écrire.

Peu de documents antérieurs à 1800 et après 1900 concernant les makua existent dans l’archipel des Comores et, en leur absence, il a fallu pour les besoins de son travail de recherche, qu’il recourt à la mémoire orale collectée auprès des descendants de Makua et auprès de ceux qui les ont côtoyés pour établir les grandes lignes de leur histoire dans l’archipel. De son travail, Dr Ibouroi Ali Tabibou en tire deux ouvrages « Mémoire et histoire de l’esclavage aux Comores » et « la place des Makua dans l’archipel ». Ces deux livres s’intéressent spécifiquement à la question des makua, en tant que témoignage humain pour faire le lien entre les Comores et le Mozambique, d'où ont été transportés la majorité des personnes déplacées pour travailler dans les plantations.  

La conférence a été très animée et beaucoup d’intervenant ont suggéré que les travaux similaires soient encouragés et qu’un colloque national puisse être organisé pour commencer à interroger enfin notre histoire enfouie. A court terme, les nombreux travaux en cours dans le domaine de notre histoire devraient contribuer à l’élaboration d’un manuel général de l’histoire des Comores pour permettre aux générations présentes et futures de mieux connaitre leur passé aussi tumultueux qu’il soit.

 

Mmagaza

 


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Commentaires (1)

  1. Alvinalone:
    05/09/2017 à 08:44 AM

    Bravo pour ce magnifique travail car il y a trop d'aliénés dans notre communauté. Certains se prennent pour ce qu'ils ne sont pas et ne seront jamais.